samedi 5 juillet 2025

Séte : Touchés par la grâce

Il est facile et tentant, quand il s’agit de Magma, d’avoir recours aux superlatifs . On les aura tous entendus sans doute. Et pourtant, il faut bien reconnaître que cette soirée au théâtre de la mer en mérite sa part tant elle a été remarquable.

Les fidèles et les érudits se rappelleront que Magma avait déjà fréquenté cette scène une fois en aout 1976 … De l’eau a coulé sous les ponts depuis et de ceux qui étaient présents à cette époque, depuis la mise en retrait de Stella, seul reste Christian, indispensable Capitaine de ce vaisseau dont l’équipage aura tant varié au fil des époques.

Pierre Durand

Il faut quand même dire un mot du site en lui-même, tout à fait est remarquable : un ancien fort militaire, reconverti plusieurs fois avant de devenir un lieu de spectacle dont l’architecture évoque les théâtres antiques, mais en version « face à la mer » . L’écrin idéal pour un évènement de cette sorte !

Annoncé à 21h, le concert a finalement débuté vers 21h30. Les couleurs du ciel auront changé en même temps que la musique, offrant d’abord la mer puis le crépuscule comme décors pour plonger ensuite dans la nuit noire sur la deuxième partie du concert. Pas évident pour les éclairages de suivre le mouvement ! Forcément discrets sur la partie diurne, ils nous ont offert néanmoins une belle mise en valeur de la batterie de Christian, faisant briller les futs de sa Gretsch et chatoyer ses cymbales (les grandes chinoises ayant fait leur retour) .


C’est une fois la nuit installée que nous avons pu retrouver les spots bleus et rouges désormais traditionnels. Seul le vol des mouettes aura, de façon constante, accompagné le concert, l’une d’entre elle venant d’ailleurs régulièrement se poser sur un poteau comme pour écouter (aurait-elle entendu parler des Cygnes et des Corbeaux ?)


Concernant le répertoire, pas de surprise, c’est globalement même depuis le début de la tournée : K.A, Felicité, AurovilleKobaia en bis (qui remplace The night we died depuis plusieurs concerts) et Ehn Deiss en point final.  Mais était-ce le lieu, avec la Méditerranée en fond de scène, la date, avec l’énergie toute particulière du solstice d’été,  nous avons assisté à un concert magique.  Cette « musique des forces de l’univers » aura magistralement porté son nom en cette soirée, dans la conjonction des éléments en présence et avec une vigueur aussi impressionnante que réjouissante.


Pierre Durand

Pour avoir eu la chance de voir 4 concerts de cette belle tournée, dont certains très bons (je pense à celui de Nantes par exemple), force est de constater que celui-ci était encore un cran au-dessus.  Bien sûr, les musiciens ont, au fil des dates, pris leurs marques et affuté leur jeu : on voit tout le chemin parcouru en quelques mois. Mais il y avait ce soir un de ces suppléments d’âme qui ne s’explique pas. On a senti une énergie formidable sur la scène, on a vu sur le visage des musiciens des sourires et des regards comme rarement. On les sentait heureux, puissants, vibrants, aussi bien dans les moments de déchaînement et de climax que dans les passages plus doux et subtils.  

Pierre Durand

Et malgré les craintes exprimées pendant la balance (on ne sait jamais vraiment ce que ça va donner en extérieur, avec le vent, etc ), le son était quasi parfait, meilleur que dans certaines salles, l’acoustique naturelle du lieu n’y étant pas totalement pour rien. Une clarté qui permettait de mettre en valeur chaque instrument : la virtuosité de Rudy et la basse de Jimmy ne sont pas passées inaperçues. De même les jeux de claviers, avec une version d’Auroville plus free que d’habitude et un Om Zanka fou réunissant tout le monde dans un tourbillon échevelé.  Du coté des voix, cet équilibre a permis d’entendre vraiment Isabelle - ce qui n’est pas si fréquent, et de donner leur juste place aux interventions de Laura et de Sylvie. Le duo Caroline - Hervé fonctionne à merveille, on les sentait au diapason et dans une complicité qui s’est accrue au fil des concerts, leurs timbres s’harmonisant à merveille, avec beaucoup de rondeur dans la voix de Caroline qui, quelle que soit la hauteur de la note, n’est jamais métallique ni stridente. On s’est régalés aussi du solo vocal de Christian, qui ressuscite Offering chaque fois. La voix claire et assurée du maestro force l’admiration, à l’égal de son jeu de batterie. Très en forme, il nous a offert le meilleur, toujours habité, transcendé qu’il soit derrière son micro ou son instrument, détonnant cocktail d’énergie juvénile et de sagesse.


Pierre Durand
La conclusion du concert se sera faite sur deux tonalités différente, avec un Kobaia tonitruant suivi d’un Ehn Deiss très tendre, contrairement aux premières set list qui proposaient un atterrissage doublement en douceur avec The night we died. En offrant la partie historiquement assurée par Stella à Rudy, la nouvelle mouture permet à tous de se rassembler derrière les micros, même Jimmy ayant rejoint Hervé pour joindre sa voix au chœur formé par tous autour de Christian .

Une clôture qui aura été à l‘image de ce que fut le concert : chamarré, magistral, et ardent.

Merci Magma pour nous avoir encore une fois offert toute cette beauté ! Et « que vive la vie vive » encore longtemps .


Texte : Eurydice Anahë

Photos : Pierre Durand & Eurydice Anahë






















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