lundi 23 janvier 2023

Uppsala Live 1982 : la scène bordelaise à son apogée


Si, dans les années 70, Xalph a fait figure de mythe emblématique de la scène girondine, Uppsala, power trio atypique, restera comme l'aboutissement de cette scène spécifique au Sud-Ouest où les noms de  Potemkine, Verto, Evohé ne devraient pas être sans rappeler certains souvenirs...

Uppsala avait plusieurs atouts dans son jeu : Philippe Cauvin, bien sur, principal compositeur à l'univers très personnel, on redécouvre ici quel exceptionnel guitariste électrique il fut. Ajoutez à cela une voix de haute-contre imparable, un langage imaginaire aux accents nordiques et vous commencez à comprendre l'originalité de la démarche. Avec Dany Marcombe, à la basse, le groupe disposait de solides fondations et d'un son ample et large auquel cet enregistrement rend justice, plus que sur l'album studio sorti en 1984. C'est un régal à la réécoute... Le troisième larron n'est pas en reste. Je me souviens du set de batterie de Didier Lamarque ce soir d'Octobre 1983 au Grand Parc Bordelais, un foisonnement percussif  peu courant, une sacrée puissance que l'on goûte à nouveau ici.

Uppsala c'était de sacrées individualités mais surtout une vrai projet collectif. Pour avoir croisé leur route en 1985, alors que le groupe s'interrogeait sur son orientation musicale, je me souviens de cet esprit de groupe, cette solidarité, cette humanité entre eux... On ne peut arriver à un tel niveau d'excellence sans une totale implication des participants et un immense travail.

Alors, certes, cet enregistrement n'est pas parfait, malgré tout le soin apporté par les musiciens, on est loin des standards actuels et c'est finalement heureux. Nous sommes ici à l'ère de l'analogique avec des vrais musiciens jouant sur de vrais instruments. Pour avoir eu la chance de voir le groupe un an plus tard, je retrouve ici le "son" du groupe, bien plus que dans son album studio pourtant de bonne facture. La puissance de feu du trio est vraiment impressionnante, y compris 40 ans plus tard. Le propos n'a rien perdu de son originalité, Uppsala un groupe de rock, oui... mais différent, un groupe "d'ailleurs" qui aurait mérité un tout autre destin... A noter le texte très bien documenté de Thierry Payssan (Minimum Vital) expert en musiques Uppsaliennes et Cauvinales. Toute une époque qu'il vous appartient de redécouvrir enfin.

Disponible auprès de Aqui Label (le structure de production de Post Image) et de Muséa.

lundi 16 janvier 2023

Quand Christian Vander fait sa radio


Samedi dernier, Christian Vander a pu, pendant une heure, partager ses envies musicales sur France Inter. De quoi avoir quelques surprises pour un exercice de style forcément un peu formaté, mais pour qui sait bien entendre...

A découvrir en cliquant sur le lien ! 

Merci à Cyrille Chaigneau pour l'info ! 


https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-radio-de/la-radio-de-du-samedi-14-janvier-2023-9799304

dimanche 15 janvier 2023

D'un rocher, l'autre

 

Après celui de Monaco et une escale à Cholet, Magma s’installera pour deux soirées au Rocher de Palmer de Cenon (33). Vendredi 3 et samedi 4 février 2023, deux soirées avec deux répertoires pour chacune. Le public du samedi soir aura le bonheur d’écouter Anaïd en première partie. Patrick Duval, le directeur artistique de Musiques de Nuit , l’association qui s’occupe de la programmation musicale du Rocher, est un fidèle de Magma. Il revient sur toutes ces années de compagnonnage. Un entretien où l’intervieweur et l’interviewé ont des calendriers approximatifs mais Magma n’est-il pas intemporel ?

Entretien réalisé par Didier Houde.


samedi 7 janvier 2023

François Causse - Yochk'o Seffer : Elektrofar

 

Y.Seffer aura 84 ans cette année. Avec un tel parcours, on pourrait s'attendre à ce que l'artiste s'efface peu à peu, pris par d'autres priorités. Mais le besoin de créer, de jouer, est sans doute le moteur de ce musicien hors des sentiers battus.
Il y a trois ans, un nouvel album de la Neffesh Music avait vu le jour comme un clin d'oeil aux années 70. Pour ce nouvel album, il retrouve le percussionniste François Causse (Ethnic Trio, Zao...) dans un dédale de sons illustrant habilement les obsessions sonores de Seffer comme une forme de synthèse d'un cheminement unique. Le travail sur les orchestrations est assez bluffant et on oublie très vite ce qui est du ressort des machines ou des humains.
Et comme deux avis valent mieux qu'un, voici ce que Thierry Moreau nous a écrit au sujet de ce disque : 


On ne présente plus François Causse et Yochk'o Seffer, du moins dans les sphères qui nous concernent. 
Elektrofar (concerto pour robots-percussionistes) revêt l'habillage de l'innovation ancré dans le sillage du fragile équilibre entre l'expérimentation, la rigueur d'intentions. 
Confronter l'homme et les machines n'est pas nouveau en soi, dans un autre registre Kraftwerk avait innové dans la mouvance électronique de Düsseldorf, mais ici on se positionne plus dans  le brouillage  de pistes, qui est qui? qui fait quoi? 
L'oreille se fait prendre au piège, est-on dans l’avant-garde jazz,  le jazz-rock, l'expérimental,  le free, musique écrite,  improvisée, programmée, aléatoire?  
Peu importe les classements. 
L'homme et les robots sont en symbiose, un duo/duel en confrontation mais ici fusionné dans une cohérence où l'homme, les hommes restent les maitres d'oeuvre. On retrouve l’assiste pianistique et la rigueur légendaire du soufflant Yochk'o Seffer, et les références à Béla Bartók (Musique pour cordes, percussion et célesta) entre autres. 
On ne peut s’empêcher de penser en résonances lointaines aux percussions de Moondog, Stomu Yamash'ta ou Karlheinz Stockhausen, Art Zoyd Studio, l’armée de robots-percussionnistes martèlent comme un seul homme cet  opus, les percussions acoustiques en  surimpressions de François causse exultent dans des soubressauts  percussifs acoustiques haletants. Le travail de François Causse est impressionnant tant par sa novation que par sa précision. 
On aura pu se dire qu'un tel disque aurait pu être ennuyeux mais non, les cordes apportent une orchestration presque hollywoodienne décalée, une musique de film possible, mais qui reste de la musique vivante et vibrante. 
(ACEL 029. Inouie distribution)

Thierry Moreau