Retour en arrière.
Hum, hum, Magma en répétitions publiques au Triton ? Pas de scène depuis le printemps 2020, Covid oblige, mis à part 3 concerts privés pour la télé. C'est tout aussi surprenant qu'alléchant comme démarche. Allez, je téléphone au Triton et je prends mon billet, en direct donc, comme ça, pas d'intermédiaire, c'est encore mieux.
Et arrive la journée du 4 septembre...
J'arrive rue du Coq Français (ça change du coq gaulois qui, comme tout le monde le sait, ne l'était pas, gaulois, mais le jeu de mots amusait nos voisins latins) et les murs jaune Triton s'affichent sur mes pupilles radieuses. Une grande photo de James, bel hommage, sur le flan gauche du programme du troisième tiers de l'année en ce lieu culturel maintenant bien connu et reconnu. Et puis bien plus sympathique que celui du Trésor Public, ce 3ème tiers...
Bon, je passe le porche et, malgré l'horaire matinal, 17h15, déjà quelques visages connus. Bonjour Denis ! D'autres non. Depuis les tables fusent des discussions, de la réflexion, de l'attente par cette très bel après-midi de septembre. Je vais vers les bureaux pour retirer mon billet mais Jean-Pierre Vivante est inflexible avec un autre futur spectateur, les bureaux n'ouvriront pas avant 18h30, qu'on se le dise. Pour éviter une redite inutile, direction le bar pour une boisson rafraichissante, avec un œil vers l'entrée (et donc aussi la sortie) des artistes. Et effectivement, peu de temps après, commence à sortir les uns après les autres, les fumeurs ouvrant le bal, des visages maintenant célèbres de la galaxie zeuhlienne, le premier étant Hervé, suivi d'Isabelle, et bientôt tout le reste de la bande au complet. Donc, avant les "répétitions" il y a bien eu une balance. Une pré-répétition de la répétition, vous voyez ce que je veux dire, non ? Enfin, c'est ce que pourrait penser à ce moment là un humble spectateur tel que je suis.
Je me dirige, en ayant pris soin de finir ma boisson gazeuse titrant 5,5°, vers Stella, non pour lui vanter les mérites de cette excellente cervoise mais plutôt pour la remercier du petit privilège qu'elle m'a accordé, mais ça, étant très personnel je n'en dirai rien. Bon allez, juste un indice, cela m'a permis de savoir que Simon était grand-père, enfin, un jeune garçon qui serra assis à coté de moi plus tard l'appelle papy. Et oui, ils sont humains aussi !
Je devise également avec Francis, toujours aussi sympathique. A oui, j'ai oublié de le préciser, ils sont tous aussi charmants et accessibles les uns que les autres, oui, des vrais êtres humains, sans vouloir me répéter. Surprenant, non ? Mr Cyclopède ne pouvant acquiescer, je le ferais pour lui. J'en profite pour dire à Christian, que le fil vert de sa chemise me rappelle la première pochette d'Üdü Wüdü. Zombies ? J. Top ? Le père ou le fils ?
Bon, revenons vers notre sujet. Je converse avec Francis et il me rappelle qu'avant le concert sera diffusé un petit film sur James, une interview effectuée au début de sa maladie. Film émouvant, tous nos musiciens ont pleuré et le (re)voyant. Vin diou, je l'avais oublié ce court métrage, imbécile que je suis, merci Francis. Oui vraiment, merci Francis. En plus il me fait remarquer que le guichet de retrait des billets venait d'ouvrir. Que ferais-je sans toi cher Francis !!!
Du monde commence à venir grossir les rangs des combattants de la Zeuhl (expression de Christian maintenant célèbre), un gentil brouhaha s'élève, les plateaux de boissons traversent le corridor, le stand Seventh s'installe gentiment mais surement. Ca commence à avoir un doux parfum de soirée festive ! Maintenant il va falloir choisir. Ou attendre gentiment, patiemment devant la porte du Triton pour avoir une bonne place ou voir le film. Non, il n'y a pas à avoir d'hésitation, c'est James, bien sur !
Hop, direction la salle 2 où déjà s'affaire JP Vivante avec les ouvreurs et les consignes Pass sanitaire, contrôle du billet, tamponnage uni ou bicolore en fonction, et, une fois passé les contrôles drastiques, je m'assois face à l'écran dans une pièce agréablement climatisée, ce qui n'est pas sans déplaire.
Alors oui, ce film-interview est plus que déroutant, il est décalé, psychédélique, dadaïste et plus encore. L'équipe de tournage, le journaliste et James ont vraiment du s'amuser, et pourtant, le moins que l'on puisse dire, c'est que James en jouait de cette maladie et du temps qui lui était alors donné... Un film à voir et à revoir. L'autre film nous raconte la composition offerte par James dans le contexte d'une intégrale de Brahms et jouée par le pianiste Nima Sarkechik. Là aussi, de l'émotion, de la sincérité, Nima nous expliquant que James a composé ce morceaux avec l'aide d'un ordinateur, au seuil de sa vie. Quand je pense que nous étions tout au plus une trentaine à voir ces deux films, les autres devisant, fumant, buvant dehors... Parfois l'on pourrait dire à quoi bon, public ingrat...
Une fois visionné ces deux courts métrages, direction la salle une. Une comme une seule personne devant la porte, il est pourtant 19h30 pour un concert prévu à 20h30. Finalement, le public commence à patienter dans l'entrée et dans le corridor du Triton. Va et vient des musiciens entre le backstage et l'extérieur, là aussi, il n'y a qu'au Triton que l'on voit ça. Communion des artistes et des spectateurs, au moins tout le monde se côtoie et se croise. L'ouverture des portes à 20h00 propulse le public en salle et moi tout devant. Concerts des 4 et 5 complets, assis comme debout. Covid ou pas, nous sommes tous en rangs serrés à échanger les uns avec les autres à attendre le début du concert. Ma voisine, 20 ans puissance 3 voire 4, charmante, me dit qu'elle assiste aux concerts de Magma depuis de nombreuses années et qu'elle en savoure la musique et l'évolution.
Comme l'on pouvait s'y attendre, la scène est vraiment chargée, des instruments de partout, des podiums, des pupitres... Et encore, il manque les musiciens, ça va ressembler à une rame de métro de la Régie Autonome ! Les lumières se tamisent et arrive Jean-Pierre Vivante pour sa maintenant classique présentation d'avant concert. A oui, c'était annoncé comme des répétitions, et JP, en guise d'épilogue, nous dit qu'il ne tient qu'à nous que ces répétitions se changent en concert... Le doute subsiste !
Les musiciens arrivent sur scène, au passage, l'on remarque l'absence de Sandrine et la présence d'une jeune chanteuse. Bon, épiphénomène d'une soirée ou deux ou remplacement ? Et les premières notes fusent. Etrange ce premier morceau, une impression de le connaitre mais aussi de ne pas vraiment savoir quel est ce titre. Ca sonne comme le Magma de la fin des 70's et du début des 80's, avec cette pointe de Tamla Zeuhl. Le deuxième morceau aussi, dans la même veine. Ca swingue bien, le voisin de ma voisine (son fils ??) est très enchanté (au passage, un aficionados de très longue date et reconnaissable à son couvre-chef orné de la griffe en cuivre, même s'il l'a perdu depuis, cette coiffe...) et le restera toute la soirée, avec éclats de voix et rires massifs ! Le troisième morceau, est intitulé provisoirement, nous dit Stella, "Stevie Vander", ce qui en dit long sur l'ambiance qu'il dégage. Elle nous signale aussi que le suivant est une nouvelle composition de Thierry Eliez, elle plus ancrée dans l'univers vandérien classique, que Magma prépare un nouvel album avec des compositions de plusieurs musiciens, ce qui n'avait pas été le cas depuis longtemps. Mais au fait, si les morceaux s'enchainent, ce n'est pas une répétition alors ? Il faut dire qu'entre chaque titre, tous s'amusent, l'une disant qu'elle a oublié des paroles, un autre disant que la batterie pose problème et se propose même de refaire le titre sans elle (Christian tu es un petit filou parce que tu utilisais quand même ton charley et tes cymbales !!!). Bref, une ambiance très détendue, un peu comme une répétition donc. Ca me plait bien cette formule, plus trop vraiment une répét' mais pas encore celle des soirées dont nous avons l'habitude. Ce coté R&B Tamla doit avoir sa part de responsabilité, enfin, c'est ce que je me dis.
Ah, je les reconnais tout de suite ces notes là, frissons éternels tout le long de la colonne vertébrale, obligé. Magma n'est pas qu'MDK, mais MDK est tellement Magma ! Waow, et quel MDK ! J'avais bien aimé celui pour la soirée Arte Concert, bien axé sur une certaine douceur des voix, des chœurs, bref, une version plus "douce". Ce soir, c'est plutôt le chant (!) de bataille, l'artillerie lourde et les chars de combats. Ca explose de partout, tout le monde donne le maximum et même au-delà. Une claque, que dis-je, un uppercut direct pleine face, KO debout, ou plutôt assis, mes tympans sont nettoyés pour des mois ! Quelle demi heure de folie, quelle soirée. Ca bouillonne dedans, ça bouillonne dehors, ça fait du bien, trop, non, jamais trop, de bien !! Stella nous annonce que du fait de la configuration de la scène, ils ne peuvent sortir et revenir, donc enchainement de suite avec le rappel. Ca aussi c'est plutôt nouveau comme formule ! I Must Return vient terminer brillamment cette soirée, à la fois très Tamla, très swing, très zeuhl. Très Magma donc !!!Les lumières se rallument, étant au premier rang, je fais partie des derniers à sortir, pas plus mal, ça prolonge le concert, 1h30 d'affilée. C'est court et si long en même temps.Ce groupe, qui par les "événements" ne peut pas tourner comme il le souhaiterait, est soudé comme jamais. Caroline Indjein, jeune choriste depuis seulement quelques semaines, est déjà bien en place, Laura qui l'accompagne sur le podium haut droit nous offre tout son talent et ses très hautes capacités vocales, ce que je n'avais pas encore remarqué. Waow, quelle voix !!! Isabelle a quitté le devant de la scène pour le podium haut gauche aux cotés de Sylvie, l'avant du plateau étant pour Stella et Hervé. Stella, toujours aussi magnifique, parfois tournée vers les musiciens comme si elle faisait aussi partie du public et voulant profiter du concert. Les pianos, face à face, déroulent de la touche, Jimmy, très en verve et montrant toute l'amplitude de son jeu, échangeant souvent des regards complices avec Christian (ça, c'est une constance des bassistes de magma !) et Rudy, discret sur scène mais si présent avec ses cordes. Et Christian ? Impérial...what else !!! Une belle osmose générale, d'une répétition qui n'en n'était pas vraiment une pour un concert qui en était presque un ! Vraiment, je regrette encore plus de ne pouvoir être là le lendemain...