En ce mois de Février, l'équipe de KSM est sur le pont à l'occasion d'une mini tournée magmaïenne d'hiver. Et, pour cette première date, c'est à une nouvelle plume, féminine, que nous laissons l'honneur d'ouvrir le bal...
"Par les hasards de la vie et des calendriers, j’ai eu la grande chance d’assister le 1er février au concert donné par Magma à Cholet.
Autant l’annoncer d’emblée, j’assume d’être bon public et je ne boude jamais mon plaisir lorsqu’il s’agit de Magma, n’ayant pas vu assez de leurs concerts pour en être blasée.
Première surprise, cependant : l’absence d’affiches. Ni dans Cholet, ni à Nantes, ni dans le théâtre où avait lieu le concert. C’est bien la première fois que je vois cela. Magma faisant partie de la programmation du théâtre, il faut croire que les abonnements, la comm’ sur le net et le bouche à oreilles ont suffi à remplir la salle. Une belle salle d’ailleurs, d’environ 800 places, pleine comme un œuf -ce qui fait plaisir.
Au programme de la première partie, le dernier album : Walomehndem warreï, la composition de Thierry Eliez ouvre le bal, et installe l’ambiance. Elle a pris de l’ampleur depuis Vitrolles en octobre 21, le précédent concert auquel j’avais assisté. Suivent un Hakëhn Deïs festif, Do rïn ïlï üss d’Hervé Aknin, une lumineuse Irena Balladina et Wii Melehn Tü, la composition de Simon Goubert, sans doute la pièce la plus hétéroclite de l’album.
Problèmes de son ou de retour pour les choristes pendant cette première partie ? On les voit solliciter fréquemment les techniciens, qui s’activent en arrière scène. Coté public par contre, du moins de là ou je me trouve, pas d’impact : le son est très correct, on entend bien les voix comme les instruments, et ce de manière équilibrée. Cela ne parait malheureusement pas se vérifier à tous les endroits de la salle, les rangs du fond semblant moins favorisés.
Coté lumières, les habillages bleu et rouge habituels sont de mise, mais avec quelques aménagements subtils – dans la mesure où l’éclairage Led le permet : projection du sigle de façon intermittente en fond de scène, irisations, jeu sur les couleurs complémentaires...Pas simple pour les photographes j’imagine, mais le rendu est joli.
Pour la 2e partie, nous avons la chance d’avoir Ëmëhntëhtt-Rê, que Stella présente sans le nommer comme « un classique de Magma ». Une tout autre ambiance et une joie pour moi qui n’avais jamais entendu l’œuvre en live. Le groupe nous en offre une très belle interprétation, très en place, avec des moments de profonde émotion. Rindë d’abord, et bien sûr Hhaï, le moment solaire de l’œuvre, mais pas seulement. La seconde moitié ne relâche pas la tension, voix et instruments se complètent autour de la batterie qui ne cède rien.
Encore un beau voyage musical.
Bien sûr, on pourra dire que la voix de Christian n’est plus ce qu’elle a pu être. Mais quelle présence quand même ! L’intensité et l’intention compensent les éventuelles fragilités, à la voix comme à l’instrument, et la magie opère. « La musique passe », une fois de plus.
Le public, bien qu’assez stoïque dans l’ensemble ne s’y est pas trompé : les applaudissements sont nourris à chaque césure entre les morceaux, et il offre au groupe plusieurs « standing ovation » bien méritées à la fin du concert ainsi qu’après chaque rappel.
En rappel, donc, le groupe nous offre d’abord
The Night We Died, dans une interprétation qui a gagné en épure sans perdre son charme bien au contraire.
Puis ce sera Dënhdë, la perle du dernier album, que Christian présente en précisant qu’il s’agit d’une composition de Stundëhr « [mon] meilleur ami » : là aussi l’émotion est tangible. La version qui nous est donnée est de toute beauté, une Tamla Zeuhl habitée et joyeuse, dansante et pleine de vie.
A nouveau de belles réactions dans l’assemblée, auxquelles Christian répond sur le ton de l’humour -une première pour moi qui n’avais jamais eu l’occasion de le voir dialoguer et plaisanter ainsi avec son public.
En résumé, une bien belle soirée musicale, avec un Magma renouvelé qui a encore gagné en cohésion et où l’engagement de chacun se ressent dans chaque note. Grâces en soit rendues aux musiciens qui nous ont emmenés avec eux très loin, dans cette Zeuhl aux expressions multiples mais toujours aussi puissante !"
Article : Eurydice Anahë
Photos : Memorizatör