mercredi 5 novembre 2025

4 - Le saviez vous ? Christian sur un album d'Yves Touati chez Futura

Au début des seventees, Christian Vander & Magma ont participé, par l'intermédiaire de Teddy Lasry, à plusieurs albums dits de "musiciens engagés" tels que Jean-Max Brua ou Gilles Elbaz par exemples. Yves Touati, devait en faire partie pour Futura Records, label mythique des années 70 (et au-delà) du monde musical "underground" français de l'époque.

A ce propos, j'ai contacté feu Gérard Terronès (RIP) et voici ce qu'il m'avait répondu à ce sujet, le 24 mars 2011, et oui, il y a déjà quelques années... 



Bonjour Franck,

Merci pour votre mail qui me ramène un peu plus de quarante ans en arrière, 1972.

Tout d'abord, les disques Futura n'ont jamais disparu, ils sont toujours visibles sur le marché du CD, parce qu'à 71 ans je suis toujours vivant, en bonne santé, et en activité (voir mon historique sur mon site Internet : http://futuramarge.free.fr.

Vous pouvez aussi en savoir plus long en allant sur Google, et en cherchant mes coordonnées (gérard terrones, ou Gérard Terronès, ou les Disques Futura et Marge), et en cliquant sur Citizen Jazz (les 40 ans du label Futura), et sur Culture Jazz (mon historique).

Depuis quelques années je m'efforce de rééditer en CD le plus de références Futura possibles, ce qui économiquement parlant n'est pas toujours facile et évident, car le public a beaucoup changé en cinq décennies, et par ailleurs le marché du CD s'affaiblit de plus en plus.

Exemple de mes récentes rééditions en CD, il y a très peu de temps durant ce mois de mars 2011,  le « Rire des camisoles » du groupe Barricade (Futura Red 07), et très bientôt au début avril ce sera l'apparition du « Aorta » de Paul Van Gysegem (Futura Ger 27).

Simplement au milieu des années 1970 face à différentes difficultés économiques, j'avais mis en sommeil le label Futura en créant un nouveau label (Marge) à tendance internationale et beaucoup plus politique (voir les Disques Futura et Marge sur Wikipedia et sur Google).

C'est seulement en 1997-98 que j'ai effectué la fusion des deux labels (Futura & Marge) en créant l'entité commerciale les Disques Futura et Marge, dont le siège social se situe au 127, rue Amelot, 75011 Paris.

Je ne pourrai pas vous aider dans votre recherche de documents sur le « Voyage en Printemps » d'Yves Touati (Futura Red 05) car après l'enregistrement le studio Europasonor à Paris a subi un très grave incendie qui a complètement détruit toutes ses structures.

En résumé, toutes les bandes magnétiques originelles ont été détruites dans cet incendie, et je ne dispose donc plus de traces de cet enregistrement.

Je peux seulement vous signaler qu'il existe quelque part une copie brute (fin de séance en vitesse 19cm) de l'enregistrement, mais la personne qui en dispose n'a jamais voulu nous la remettre (ou en faire une autre copie), tant à Yves Touati (maintenant décédé) qu'à moi-même.

Probablement, parce qu'à l'époque le groupe Magma de Christian Vander avait un contrat d'enregistrement exclusif avec un manager, et un autre label ?

Bref et sauf miracle (ou piratage ?), à moins de récupérer cette fameuse copie d'enregistrement, cet album Futura ne sera jamais publié !

En parallèle, comme de son vivant nous n'avions Yves Touati et moi-même jamais pu mettre en route la présentation et la configuration de cet album Futura, je ne dispose donc d'aucun document photos ou textes relatifs à cet enregistrement.

De plus je dois vous avouer que depuis 1972 j'ai été amené à poursuivre toutes mes multiples autres activités en professionnel (jazz clubs, concerts, festivals, radio, tournées...), et bien entendu ma mémoire à quelque peu faibli.

Je ne sais pas du tout si le fait de me rencontrer pourra vous rendre service, car franchement tout cela est tellement lointain que je n'en ai plus beaucoup de souvenir.

Faites moi savoir si vous voulez me voir (j'ai un chapeau très reconnaissable) ou vous voulez dans Paris, vous savez maintenant comment et ou me joindre.

Fraternité,  

Disques Futura et Marge
Gérard Terronès
http://futuramarge.free.fr



Alors, si vous êtes l'heureux propriétaire de cette bande, et lecteur assidu de ce blog, nous comptons sur vous pour publier cette rareté, inconnue de la plupart (tous ?) d'entre nous !!

mardi 4 novembre 2025

Hervé Aknin présente son album en concert à Montpellier

 

Le 20 Novembre, au Jam de Montpellier, Hervé Aknin présentera la version "Live" de son très réussi premier album "solo". Amis du Sud, voici une belle soirée à ne pas rater ! 

dimanche 2 novembre 2025

Des rééditions pour votre sapin

L'automne est à peine arrivé que déjà les rééditions se succèdent afin de remplir les hôtes du Père Noël. Ici un coffret The Lamb, là deux Crimson ou un Zappa....Pour en revenir à nos moutons, noir et rouge comme il se doit, voici une nouvelle réédition, en LP comme il est désormais de coutume. Certes la Trilogie au Trianon n'avait pas eu l'insigne honneur de connaître une gravure  à l'ancienne..

Ce sera le cas en Décembre, en 4 galettes ce qui signifie que Wurdah Itah et Mekanïk seront sur trois faces ce qui me semble un net recul en qualité d'écoute mais l'auditeur jugera bien sur. Le transfert sur LP de disques conçus pour le CD ne me semble pas forcément une bonne idée. Mais on me retorquera que c'était le seul album à na pas avoir été gravé en analogique... Est-ce suffisant ? Je l'ai commandé, vous serez nombreux à le faire mais parfois il est bon de ne pas être dupe..


L'autre réédition est plus problématique. Souvenez-vous de Jef Gilson, Palm Record et ces deux albums sortis en 1974 et condamnés par Christian Vander pour escroquerie : Christian Vander et les trois Jeff et Fiesta in drums. Mais Gilson ne s'arrêta pas là, il sorti un ultime disque basé sur une session imaginaire avec le vibraphoniste  Khan Jamal en inventant un pseudonyme pour le, batteur alors que c'est la même session, de Juin 73 qui avait été utilisée pour Fiesta in Drums. Après une première réédition il y a quelques mois, voici une nouvelle édition en LP et, pour la première fois, en CD. C'est sur le label du Souffle Continu, magasin de disques et label ô combien honorable que sort cette publication en ne mentionnant pas le nom du batteur en parlant d'un pseudo problème contractuel.... Le principal intéressé n'ayant pas été contacté, une fois de plus, est plutôt en colère comme on peut le supposer....


lundi 27 octobre 2025

Cèl 2 Un Triple CD pour Yochk'O Seffer

Après un premier volume (DVD inclus), voici un nouveau opus de la Musique de l'Âme, ce véhicule de l'âme Sefferienne depuis 1976. Ici pas de cordes, ni même de rythmique "binaire" mais trois disques pour ce amoureux de la Kabbale, jouant avec les symboles et avec les temps.

Le premier volume, est enregistré en 2017 à l'occasion des 50 ans de la mort de John Coltrane. Le musicien est souvent en solo, parfois en duo avec le percussionniste François Causse pour revisiter les paysages coltraniens aux côtés de compositions. Les amateurs s'y retrouveront, ou pas, tant la mesure et le tempo ne sont pas la priorité dans cette aventure. 

Le second disque est un enregistrement avec Lajos Horvath, ce violoniste que nous avions pu découvrir au début des années 80. La bande sauvée ici date de 1978, un tryptique inédit qui illustre la complicité entre les deux musiciens, Seffer étant ici au piano. Un document assez marquant, où les deux musiciens les deux musiciens, à l'écoute de leurs racines, explorent des paysages européens.

Le 3eme disque enregistré en 2024 chez François Causse propose pour partie une collaboration avec Didier Malherbe déclamant ici sa poésie. La rencontre entre deux univers très éloignés à la base constitue le cœur de ce 3eme opus. Une rencontre atypique qui conclue ce recueil dont le premier volume avait vu le jour en 2023. Que l'on se retrouve, ou pas, dans les différents propos, force est de saluer la vitalité de Seffer et la fidélité de Jean-Jacques Leca à l'accompagner et à le produire au fil des années.


Distribution : Inouie.

jeudi 23 octobre 2025

Magma, les dates pour 2026

Et oui, on parle déjà de 2026...
Certes, faire une annonce fin juillet 2025 pour un concert de mars 2026 peut sembler un peu tôt, mais au moins pour cette première date romaine, vous aurez le temps de réserver vos billets de train/avion et votre hotel aux meilleurs prix ! 

D'autres dates viendront et nous vous en informerons au fur et à mesure, que ce soit en France ou ailleurs, et, bien sûr, nous espérons un retour triomphal de Stella. Au minimum...


MAGMA :

27 au 31 janvier 2026 : Les Lilas, le Triton (en version 6 musiciens)

06 mars 2026, Rome, Auditorium Parco della Musica Ennio Morricone

mercredi 22 octobre 2025

Un Magma brut de fonte au Triton en Janvier

Avec la Zeuhl, tout est toujours possible. 5 soirs au Triton en Janvier en configuration historique, celle des années 70... Un seul chanteur et la puissance de la section rythmique....

A découvrir sans tarder.

vendredi 3 octobre 2025

Quand Thierry Zaboitzeff revisite le XIVe siècle

Si Thierry Zaboitzeff déserte les scènes depuis Aria Primitiva, il est particulièrement présent sur le plan discographique. Moins d'un an après Heat, voici un enregistrement "Live" datant de 2004 et mis à disposition, d'abord en numérique puis en compact, et c'est heureux.

Llibre Vermell c'est une double rencontre : celle de Sandrine Rohrmoser, chanteuse autrichienne et celle de ces chants, collectés par des moines au XIVe siècle et donc largement antérieurs de toute évidence. Thierry Zaboitzeff y déploie son instrumentation coutumière. Un choc de cultures et de sons qui était resté dans l'ombre depuis 21 ans.

Rencontre du profane et du sacré cette expérience, unique, connaît désormais un destin plus heureux. On y retrouve la signature du musicien, dans un contexte certes un peu décalé; entre ombres et Lumière au travers de chants mystiques revisités. Un joli pas de côté que les afficionados auront à cœur de découvrir.


Sortie le 3 Octobre. Inouïe Distribution

mercredi 1 octobre 2025

Free Human Zoo en concert ce Samedi

Le fait est assez rare pour être signalé, Free Human Zoo sera sur scène ce Samedi à Presles (95).

Ce sera à la salle Jeanne d'Arc et on compte sur vous pour ne pas rater ce joli moment de musique. Nous on adore...



vendredi 22 août 2025

Anaïd Orchestra Live (CD et DVD) disponible

 
Après ce très beau concert au printemps dernier, l'attente n'aura pas été trop long puisque le coffret CD et DVD vient de voir le jour.

On en reparlera mais en attendant...C'est en vente en ligne ICI

L'album d'Hervé Aknin est disponible en CD

Nous vous en avions parlé au printemps à la fois sous la forme d'une chronique et d'un long entretien avec Hervé, son premier disque est donc disponible en CD.

Et nous vous mettons même le Lien

mardi 19 août 2025

Band of dogs au festival de Malguénac le Vendredi 22

Les occasions sont rares donc autant en profiter ! Band of Dogs sera Vendredi au festival de Malguénac (56) sous la forme du septet dévoilé au Triton l'année dernière. A noter : l'arrivée d'Emmanuel Borghi au sein de la formation.

C'est à 22h15.

mardi 12 août 2025

Nous sommes sous le Sunside de ce Quartet qui est au Sunset de son talent !

Ah quel plaisir que de pouvoir assister à un tel concert entouré d'amis. Je suis un petit veinard. Comme quoi inutile de chercher la chaleur méditerranéenne, les cultures exotiques ou la douceur bretonne, le bonheur et le plaisir peuvent être parisiens !

Christian Vander et le Sunset/Sunside, c'est une longue et belle aventure qui perdure une énième fois en ce mois d'août. Sous forme de diverses formations de jazz (Trio, Quartet, Quintet), fusion expérimentale (Welcome) ou "classique" (Magma), ce musicien joinvillois a ici aussi ses habitudes, car oui, il n'y a pas que le Triton sur terre ! Même si nous adorons cette salle maintenant mythique, où en plus, une excellente nourriture nous est proposée. Suave mélange pour l'âme et l'estomac...


Je ne sais pas s'il y a des loubards Lombards parmi nous, mais nous y sommes dans cette rue animée, mélangeant notes de jazz, souvenirs made in China et odeurs de breuvages alcoolisés ! No one is innocent disait l'autre ? Elle a aussi sa fontaine à quelques mètres. L'autre cœur du vieux Paris avec le Quartier Latin est bien cet axe Châtelet-Beaubourg.

Alors, le Sunset, j'imagine que vous connaissez. Pas tous ? Bon, un lieu à deux pas du Duc des Lombards et du Baiser Salé. Les restos et les salles se succèdent tout en empiétant allègrement avec leurs terrasses couvertes sur la chaussée redevenue piétonne, du monde dans les rues et dans les terrasses. Voilà pour l'environnement. Deux salles, la cave par là où tout a commencé, le Sunset, et celle du rez de chaussée, le Sunside. Cette dernière, une enfilade entre bar et mur, aboutie à une mini salle aux sièges serrés les uns aux autres et blottis autour de la scène sur 2 cotés, les 2 autres étant de jolis murs de briques ! Je n'ai pas compté les sièges du couloir et de la salle mais cela doit faire dans les 70-80 places mais avec des petites tables, un peu à l'ancienne quoi. Certes, c'est bien petit, y'a pas intérêt d'être coincé entre deux mangeurs de burgers sauce mayo mais par contre au premier rang, on "touche du doigt" les artistes, un peu comme au Triton. Pour l'acoustique, nous ne sommes pas à la Philharmonie ou au théâtre d'Epidaure, mais ça va, et pas besoin d'amplis donc la musique restituée est parfaitement celle jouée, pas d'intermédiaire. La salle est pratiquement pleine à 3-4 sièges près avec un public assez peu zeuhlien mais par contre éclectique. Deux californiennes sur ma gauche, d'autres anglophones par ci par là, un groupe de 6 japonais ou coréens... bref, les touristes sont là pour profiter du lieu et de la musique. Je ne pense pas qu'ils connaissaient plus que ça ce Quartet, mais au moins eux, ils sont là et vont peut être distribuer la bonne parole sur terre.


Le Quartet justement, Christian Vander à la batterie, Emmanuel Grimonprez à la contrebasse, Jean-Michel Couchet aux saxophones et Emmanuel Borghi au piano à queue. Ca fait du monde et du matériel sur cette toute petite scène, le piano ayant un pied sur un plot en dehors du podium, Christian coincé dans l'angle de la salle, "Manu" entre piano et batterie et Jean-Michel dans le creux du piano. Les photos sont là pour en témoigner ! La formation ces dernières années, Christian, Jean-Michel et Emmanuel G, oscille au piano entre Laurent Fickelson ou Emmanuel Borghi selon les dispos.

Coté concert, voici ce qui a été joué :


1er set : Afro Blue, Body and Soul, The Promise, Lonnie's Lament, Impressions, 2ème set : India, Naïma, Transition, I Want to Talk About You,  My Favorite Things, 3ème set en rappel : Like Sonny, Equinox. Mais ces infos, vous pouvez aussi les trouver dans ce site génial, tenu régulièrement à jour par un gars tout aussi formidable, mais attendant aussi vos corrections, vous le trouverez Ici ce site éblouissant.

Le premier set a été un peu perturbé par une spectatrice qui n'arrêtait pas d'applaudir en continu, et pas dans le rythme en plus. La direction à la pause est venue tenter de la raisonner mais finalement elle à quitter la salle pour aller bouder sur la terrasse. Epiphénomène... Nos musiciens, imperturbables et concentrés, nous ont offert le meilleur d'eux mêmes. Comme d'habitude direz vous ? Pas sûr, Christian, maniant l'humour vandérien comme personne, nous a dit tout à la fin du concert "à demain, et ce sera mieux", Emmanuel G., autre humoriste zeuhlien, enchérissant par un "et samedi ce sera encore mieux !". Les petits garnements, oui garnements, Christian étant toujours dans la tranche "de 7 à 77ans" !!!

Pas de solo, hormis pour notre contrebassiste, dont ce genre d'exercice est peut être le moins évident des quatre artistes, cet instrument n'étant pas le plus facile à jouer sans les autres, pour autant, belle prestation sur ses cordes et son manche (pas de sous entendu, merci). D'ailleurs, il nous offrira un deuxième solo plus tard mais plus court. Christian, au jeu tout en finesse, jouant beaucoup de ses cymbales mais assénant aussi de sacrés coups sur ses peaux. Jean-Michel, alternant sax alto et soprano, mais aussi quelques poses, debout ou à genoux, nous a montré toute la palette de son talent. Quant à Emmanuel B., en équilibre sur son siège hors de la scène, imperturbable et concentré, et, tel un Van Gogh donnant des touches de pinceaux sur ses toiles, tantôt subtiles et orageuses ou délicates et fougueuses, en alternance avec de longues suites de notes...


Bon, sauf à être sur place, difficile de rendre l'exacte plaisir de la performance de l'instant, du moment, du concert. Alors, pour les prochaines dates, car il ne peut qu'y en avoir d'autres à tomber, venez prendre du plaisir et du bonheur pour les voir. Ils ont tout de même joué trois heures de 21h20 à 00h15 (certes avec deux pauses).  Et dommage que ces trios ou quartets ne vont plus en province ou à l'étranger, les parisiens, même s'il pourrait y en avoir bien plus, sont des enfants gâtés. Il faut reconnaitre que le coût du transport et de l'hébergement finit par rendre bien cher une soirée, aussi magnifique soit elle.


Voilà ce que je voulais vous raconter de cette superbe soirée estivale...

dimanche 13 juillet 2025

Un quartet en été à Paris

Allez savoir pourquoi mois d'Août rime avec Sunside ? Mais cette fois ci c'est pour trois soirs du 7 au 9 Août avec une formule quelque peu inédite : Emmanuel Grimonprez, Jean-Michel Couchet et... Emmanuel Borghi...
A découvrir sur place quelque soit notre étonnement....





vendredi 11 juillet 2025

48 heures en immersion avec Magma – un rêve éveillé

Malgré toute notre bonne volonté, et notre réseau, il y a des concerts que nous ne pouvons suivre.... Fort heureusement Dominique et Jean-Jacques nous ont proposés texte et photos de deux jours d'exception. Merci à eux ! 


Jeudi 3 juillet 2025 : non, je ne rêve pas, ce sont bien les membres de Magma en chair et en os qui viennent de descendre du train, là devant moi ! Quelle émotion ! Quant à mon mari Jean-Jacques, qui les attend devant le bus pour les accompagner à leur hôtel, il les voit apparaître à travers un rayon « Kosmïk » dans le passage sous-voie…
ça y est, notre mission d’« anges gardiens » du groupe dans le cadre du Festival Stand’Eté vient de commencer. Le but : les transporter, les choyer, s’assurer que tout va bien pour eux et qu’ils ne manquent de rien.


Revenons un petit peu en arrière : en automne 2024, à notre retour des 50 ans de MDK à Paris, Jean-Jacques - sous forme de boutade - lance un défi à Alain Tissot, grand organisateur du festival : « Magma à Stand’Eté, ça le ferait, non ? ». Et Alain de répondre « chiche »… Le processus était lancé !

Le Festival Stand’Eté se déroule dans une vénérable bâtisse en bois construite en 1905, qui était à l’origine un stand de tir. Très vite devenu un lieu de rencontre et de partage, et doté d’une excellente acoustique, le Stand deviendra une salle de spectacle à partir des années 1990. Quant au festival, qui se déroule tous les 2 ans, il a démarré en 2005 et fêtait cette année ses 20 ans.

Magma, Jean-Jacques les connaît et les admire depuis 1974 (concert à Colmar1). Il me les a fait découvrir il y a un peu plus de 20 ans, lorsque nous avons visionné le DVD des 30 ans du groupe au Trianon. L’émotion a été immédiate, et depuis la musique de Magma accompagne notre vie quotidiennement. C’est dire combien cette occasion de les côtoyer nous enthousiasme !

Nous voici donc à Moutier en leur compagnie. Ils sont ouverts, sympathiques, drôles. Les trajets en voiture entre l’hôtel et le stand sont l’occasion de concerts privés. Les discussions, variées, nous font découvrir les passions des uns et des autres, ainsi que quelques secrets... Nous nous sentons membres de la même famille, incroyablement privilégiés.

Vendredi 4 juillet, c’est le grand jour. Dans l’après-midi, nous assistons au sound-check et pouvons admirer le travail extrêmement précis de chaque musicien et chaque musicienne, tout comme celui de l’équipe technique. Ce sont deux heures fascinantes pour nous.

Le concert

Ca démarre déjà très fort avec « K.A »2 dans son intégralité ! Quelle richesse dans cette pièce de 45 minutes d’une intensité folle, on chemine à travers une multitude de styles musicaux ! Des larmes d’émotion déjà bien présentes…

Puis « Auroville » de Michel Graillier, interprété tout en finesse et en douceur par Simon Goubert, Thierry Eliez et Jimmy Top. Une merveille ! Arrive « Félicité Thösz », un de mes préférés. Les anges sont sur scène, et Caroline Indjein nous fait nous envoler au 7ème ciel avec « Tëha ». Le final me touche en plein cœur et un torrent de larmes jaillit, m’empêchant presque de voir les musiciens. La salle explose en applaudissements, tout le monde est debout, radieux Magma nous fait l’honneur de 2 rappels :

« Kobaïa », lancé par Jimmy Top avec un tempo d’enfer.« Ëhn Deïss », sublime chant où l’âme de Christian Vander transparaît grâce à l’intensité de son regard bleu – qui achève de faire chavirer les cœurs de toute la salle.

Deux heures de concert, hors du temps, dans ce lieu qui a une âme… Je me permets de citer Eurydice Anahé, dont les mots si bien écrits à propos du concert de Sète s’appliquent parfaitement au concert de Moutier : « Il y avait ce soir un de ces suppléments d’âme qui ne s’explique pas. On a senti une énergie formidable sur la scène, on a vu sur le visage des musiciens des sourires et des regards comme rarement. On les sentait heureux, puissants, vibrants, aussi bien dans les moments de déchaînement et de climax que dans les passages plus doux et subtils. »

Pour nous, un concert vécu au premier rang avec les regards complices des membres du groupe. Quel privilège ! Tout comme le fait de pouvoir fondre en larmes dans leurs bras après le concert, dans les coulisses… Magma fait aussi le bonheur de beaucoup d’autres spectateurs en profitant d’un joli moment de partage sur l’esplanade du festival après le concert. Le lendemain, les membres du groupe nous confient avoir rarement été si bien accueillis, et en être extrêmement reconnaissants ! Leurs remerciements chaleureux nous touchent très profondément !

Merci à Alain Tissot et la formidable équipe du Festival Stand’Été de nous avoir permis de vivre cette aventure incroyable !

Nous avons été comblés et nous n’oublierons jamais ces moments magiques !


Dominique Vallat (texte) & Jean-Jacques Vallat (photos)




1 Christian confiera à Jean-Jacques qu’il rêve de trouver un enregistrement de ce concert, ayant vu un spectateur équipé de micros. Il existe bien quelques pistes mais… 😉

2Le lendemain, j’ai pu confier à Christian que, la toute première fois que j’avais entendu K.A, je n’avais pas réussi à entrer dans le morceau. Puis, grâce aux explications qu’il avait données lors d’une interview (sauf erreur dans le film « La musique de Magma »), j’avais compris et apprécié la pièce.




samedi 5 juillet 2025

Séte : Touchés par la grâce

Il est facile et tentant, quand il s’agit de Magma, d’avoir recours aux superlatifs . On les aura tous entendus sans doute. Et pourtant, il faut bien reconnaître que cette soirée au théâtre de la mer en mérite sa part tant elle a été remarquable.

Les fidèles et les érudits se rappelleront que Magma avait déjà fréquenté cette scène une fois en aout 1976 … De l’eau a coulé sous les ponts depuis et de ceux qui étaient présents à cette époque, depuis la mise en retrait de Stella, seul reste Christian, indispensable Capitaine de ce vaisseau dont l’équipage aura tant varié au fil des époques.

Pierre Durand

Il faut quand même dire un mot du site en lui-même, tout à fait est remarquable : un ancien fort militaire, reconverti plusieurs fois avant de devenir un lieu de spectacle dont l’architecture évoque les théâtres antiques, mais en version « face à la mer » . L’écrin idéal pour un évènement de cette sorte !

Annoncé à 21h, le concert a finalement débuté vers 21h30. Les couleurs du ciel auront changé en même temps que la musique, offrant d’abord la mer puis le crépuscule comme décors pour plonger ensuite dans la nuit noire sur la deuxième partie du concert. Pas évident pour les éclairages de suivre le mouvement ! Forcément discrets sur la partie diurne, ils nous ont offert néanmoins une belle mise en valeur de la batterie de Christian, faisant briller les futs de sa Gretsch et chatoyer ses cymbales (les grandes chinoises ayant fait leur retour) .


C’est une fois la nuit installée que nous avons pu retrouver les spots bleus et rouges désormais traditionnels. Seul le vol des mouettes aura, de façon constante, accompagné le concert, l’une d’entre elle venant d’ailleurs régulièrement se poser sur un poteau comme pour écouter (aurait-elle entendu parler des Cygnes et des Corbeaux ?)


Concernant le répertoire, pas de surprise, c’est globalement même depuis le début de la tournée : K.A, Felicité, AurovilleKobaia en bis (qui remplace The night we died depuis plusieurs concerts) et Ehn Deiss en point final.  Mais était-ce le lieu, avec la Méditerranée en fond de scène, la date, avec l’énergie toute particulière du solstice d’été,  nous avons assisté à un concert magique.  Cette « musique des forces de l’univers » aura magistralement porté son nom en cette soirée, dans la conjonction des éléments en présence et avec une vigueur aussi impressionnante que réjouissante.


Pierre Durand

Pour avoir eu la chance de voir 4 concerts de cette belle tournée, dont certains très bons (je pense à celui de Nantes par exemple), force est de constater que celui-ci était encore un cran au-dessus.  Bien sûr, les musiciens ont, au fil des dates, pris leurs marques et affuté leur jeu : on voit tout le chemin parcouru en quelques mois. Mais il y avait ce soir un de ces suppléments d’âme qui ne s’explique pas. On a senti une énergie formidable sur la scène, on a vu sur le visage des musiciens des sourires et des regards comme rarement. On les sentait heureux, puissants, vibrants, aussi bien dans les moments de déchaînement et de climax que dans les passages plus doux et subtils.  

Pierre Durand

Et malgré les craintes exprimées pendant la balance (on ne sait jamais vraiment ce que ça va donner en extérieur, avec le vent, etc ), le son était quasi parfait, meilleur que dans certaines salles, l’acoustique naturelle du lieu n’y étant pas totalement pour rien. Une clarté qui permettait de mettre en valeur chaque instrument : la virtuosité de Rudy et la basse de Jimmy ne sont pas passées inaperçues. De même les jeux de claviers, avec une version d’Auroville plus free que d’habitude et un Om Zanka fou réunissant tout le monde dans un tourbillon échevelé.  Du coté des voix, cet équilibre a permis d’entendre vraiment Isabelle - ce qui n’est pas si fréquent, et de donner leur juste place aux interventions de Laura et de Sylvie. Le duo Caroline - Hervé fonctionne à merveille, on les sentait au diapason et dans une complicité qui s’est accrue au fil des concerts, leurs timbres s’harmonisant à merveille, avec beaucoup de rondeur dans la voix de Caroline qui, quelle que soit la hauteur de la note, n’est jamais métallique ni stridente. On s’est régalés aussi du solo vocal de Christian, qui ressuscite Offering chaque fois. La voix claire et assurée du maestro force l’admiration, à l’égal de son jeu de batterie. Très en forme, il nous a offert le meilleur, toujours habité, transcendé qu’il soit derrière son micro ou son instrument, détonnant cocktail d’énergie juvénile et de sagesse.


Pierre Durand
La conclusion du concert se sera faite sur deux tonalités différente, avec un Kobaia tonitruant suivi d’un Ehn Deiss très tendre, contrairement aux premières set list qui proposaient un atterrissage doublement en douceur avec The night we died. En offrant la partie historiquement assurée par Stella à Rudy, la nouvelle mouture permet à tous de se rassembler derrière les micros, même Jimmy ayant rejoint Hervé pour joindre sa voix au chœur formé par tous autour de Christian .

Une clôture qui aura été à l‘image de ce que fut le concert : chamarré, magistral, et ardent.

Merci Magma pour nous avoir encore une fois offert toute cette beauté ! Et « que vive la vie vive » encore longtemps .


Texte : Eurydice Anahë

Photos : Pierre Durand & Eurydice Anahë






















vendredi 4 juillet 2025

"Takk" de Sylvie Fisichella : Une Odyssée Musicale Spirituelle entre Racines Nordiques, Jazz-Fusion, Rock Progressif, soul, world.

Sylvie Fisichella, chanteuse et choriste émérite au sein du groupe Magma depuis plusieurs années, et également coach vocal de référence, nous convie à découvrir "Takk", un album bien singulier.

Dès la visualisation de la pochette, une esthétique résolument nordique se dégage, notamment par l'intégration de runes, faisant écho au titre même de l'opus, "Takk", qui signifie "merci" en norvégien. Cette incrémentation linguistique est d'ailleurs profondément ancrée dans le morceau "Kaos", entièrement chanté dans cette langue, ce qui lui confère une tonalité résolument Zeuhl. Si cette orientation visuelle pourrait, de prime abord, laisser présager une incursion dans des univers musicaux plus sombres, tels que le métal ou le gothique, il n'en est rien. Cette esthétique est en réalité un hommage subtil et personnel aux racines profondes de Sylvie Fisichella, qui s'est établie en France à l'âge de dix-neuf ans.
L'intégralité des compositions est l'œuvre d'André Fisichella. Son nom est familier auprès des passionnés de rock progressif avisés, il rappellera sans doute son passé de membre de Shylock, un excellent groupe de rock progressif français emblématique des années 70. Soulignons par ailleurs la participation notable de Frédéric L'Epée, guitariste historique de Shylock, qui apporte sa touche distinctive sur les pistes 1, 3 et 7 de "Takk". Il est également important de mentionner le parcours d'André Fisichella, compositeur autodidacte en dépit d'études musicales en percussions au C.R.R. de Nice, qui fonda le musical Arion  créé en 1985 et le studio Arion d’enregistrement  en 1987. 

Musicalement, "
Takk" s'inscrit dans une approche audacieuse qui puise avec maestria dans le jazz-fusion, le rock progressif et des sonorités ethniques variées, notamment celles d'Afrique (continent où Sylvie a résidé un certain temps) ou d'influences nordiques. On y décèle des réminiscences et ancrages dans la musique soul/Tamla. Le chant de Sylvie, quant à lui, s'exprime avec aisance  en français et en anglais, norvégien explorant des tessitures vastes qui dégagent autant de force que de sensibilité, conférant une dimension  «habitée» à la richesse de l'ensemble.


Des échos lointains en filigranes se dessinent de légendes telles que "Weather Report", Wayne Shorter, Jean-Luc Ponty ou Return to Forever, Stevie Wonder, Otis Redding et les filles de la soul  le tout rehaussé d'une touche résolument rock progressif incisif. 
Ces multiples inspirations sont non seulement assimilées avec brio, mais également sublimées, créant une œuvre à la fois familière dans ses influences et profondément  fraiche, évitant de tomber dans la tentation du para Zeuhl attendu du RIO, de nombreux invités renforcent les rangs de Takk dont Thierry Eliez, Stella Vander, Morgan Agren, Robert Waechter, Jimmy Top et tous les musiciens amis (cités plus bas). 
Le véritable maître-mot de cet opus est l'émotion : "Takk" se révèle être un album dont la démarche spirituelle vise à un profond équilibre, tant dans le fond que dans la forme.
C'est un disque à découvrir absolument pour sa richesse et son originalité.


Enfin, pour les puristes et les curieux désireux d'explorer davantage cet univers, il est essentiel de (re)découvrir le merveilleux "Jafis 'Otis'", présent sur le disque "Hur! Hommage à la musique de Christian Vander" (édité par Soleil Zeuhl), un titre co-écrit par André Fisichella, Jean-Marc Jafet et Sylvie Fisichella, qui offre un aperçu supplémentaire de leur univers créatif commun.

Thierry Moreau