Nous vous avions annoncé l'évènement sans, toutefois, pouvoir y assister... Mais c'était sans compter sur notre réseau puisque l'ami Didier Houde, alias Zéro de Fréquence y était et nous fait part de son ressenti face à la nouvelle musique de Philippe Cauvin.
Le vendredi 13 janvier, l’accueillante salle d’animation de la Médiathèque Castagnera à Talence (Gironde) est presque pleine. Un peu plus tôt, en voyant la longue file d’attente devant la porte, je me suis assuré qu’il ne fallait pas réserver. Face au public qui patiente sagement, une guitare Hirade 1974 posée sur une chaise et deux petits amplificateurs AER Domino de chaque côté. Les lumières s’éteignent pour ne laisser que l’estrade éclairée. A peine. En fond, un mur blanc, encore plus blanc grâce au jeu des lumières. Je pense au sable et au désert et, j’ai dans l’esprit, la phrase « les musiciens du bord du monde ». Philippe Cauvin se fait attendre. Un tout petit peu. La guitare ne bouge pas.
Puis, Cauvin apparait sur scène. Longiligne, chapeau noir sur la tête. Philippe Cauvin est un homme mais il semble parfois être d’ailleurs. On dirait qu’il flotte. Il est intimidité par les applaudissements qui l’accueillent, il hésite un peu. En une fraction de seconde, c’est la détermination qui l’emporte et Philippe Cauvin prend sa guitare et s’assoit. Il y a de la gravité dans ce temps de respiration qui précède la musique. Puis, pendant plus d’une heure, le musicien nous ouvre son monde. Le son est très beau, enveloppant. Les deux amplis AER Domino sont faiblement dosés pour préserver la source naturelle. Les pièces, enchainées sans interruption, sont exigeantes et déroutantes mais cette apparente difficulté séduit. Cauvin ne veut pas nous perdre. Il nous invite à l’exploration, à la divagation, il nous noie même dans la musique mais nous rattrape constamment. Ce concert n’est pas le concert d’un guitariste qui joue de la musique avec sa guitare. Cauvin va plus loin, aborde tous les possibles, au-delà de la vibration des cordes. Les frôlements, les frottements, les crissements, la percussion sur la caisse de l’instrument, nourrissent la musique. Des mélodies émergent de l’instrument. Elles sont souvent à peine esquissées. Elles nous ramènent parfois à l’histoire de la musique et aux influences de Cauvin. On peut entendre le murmure d’un blues ou l’écho de l’Espagne. A certains moments, Philippe Cauvin chante son sabir poétique. La voix est superbe et contribue à rendre ce qu’on entend, ce qu’on voie, encore plus irréel et magique. Ce qui impressionne aussi, c’est la manière de Cauvin qui est un mélange de délicatesse et de fougue, c’est la sérénité qui émane de lui et, en même temps, la tension palpable en permanence.
Le concert se termine par une pièce intitulée « Glisstar », « morceau marquant et décisif » selon Philippe Cauvin, qu’il a composé pour le Magic Tour de son fils Thibault et qui contient une citation de MDK. Je suis rentré heureux, souriant et, en arrivant chez moi, j’ai écouté « NU », l’enregistrement du concert que Philippe Cauvin a donné au Rocher de Palmer de Cenon en octobre 2014 et premier disque de la série de 6 publiée récemment. Philippe Cauvin est un musicien inspiré qui entame sa nouvelle musique. Il mérite que les esprits libres s’intéressent à lui.
Didier Houde
Merci pour ce compte rendu.
RépondreSupprimerPour "les esprits libres qui veulent s'intéresser à la musique de Philippe Cauvin" , il y a Egberto Gismonti qui est une référence en la matière, et que Ph.Cauvin reconnaît comme l'une de ses sources d'inspiration (pour en avoir discuter avec lui)...
je conseillerais des albums comme "Solo" ,"Zig~zag" , "Duaz vozes ", "sol di meo dias"...
un titre ici que je trouve pas loin de la zeuhl (à mon sens) , en duo avec "feu" Nana Vasconcellos :
https://www.youtube.com/watch?v=K1EwZPvdmvw
Muzikal(m)ement
Dersü Wüdü
Intéressant en effet, j'avoue très mal connaître...
SupprimerAujourd'hui on trouve beaucoup d'albums complets sur tontube , dont ceux cités plus haut...
RépondreSupprimerC'est une musique assez intimiste comme Le Chris en solo piano.
La base est de tradition brésilienne mais croisée avec des instruments d'ailleurs ,comme les tablas par exemple dans "sol di meio dia",et d'une manière générale où l'interprétation est libre dans l'improvisation donc... jazz mais sans que ce soit de la bossa nova standard.
Au passage, il est au départ pianiste et fait de très belle choses aussi.
Muzikal(m)ement
Dersü Wüdü