Commençons par le lieu, les Folies Bergère, salle de spectacle parisienne proche des Grands Boulevards, fondée en 1869, rénovée et transformée en 1926 avec sa désormais célèbre façade art-déco, elle même restaurée en 2012 (dixit Wikipédia).
Bon, cela augurait d'un lieu attrayant pour nos musiciens et aussi pour le public. Le grand hall d'entrée, très théâtral avec ses stucs et ses marbres, même si de ci de là quelques décors et peintures tombent sous le coup de l'âge et de la fatigue donnant un premier "la" pour la suite de ce lieu. Grande salle de spectacle en fer à cheval et à l'ancienne, orchestre en bas et ensuite premier et deuxième balcon. Je ne sais pas comment était la partie basse et son "carré d'or" mais le premier balcon et ses "fauteuils" de catégorie 1 (à 80€ pour mémoire) étaient bien plus des strapontins au velour défraichi que de véritables fauteuils. Ca reste plus confortable que les chaises pliantes du Triton (!) mais on aurait pu s'attendre à mieux.
Je reviendrai plus tard sur la salle et passons au concert lui même. Le principe du siège réservé est vraiment très agréable, pas besoin de faire la queue pendant des heures pour avoir les "meilleures" places, premier acheté, premier servi. Le public arrive au fur et à mesure sur place, rempli les bars alentours ainsi que l'espace face aux Folies, jusqu'à l'ouverture des portes vers 19h30. Gentiment tout ce beau monde, en fonction du niveau du verre restant à finir, se dirige vers la salle. Fouille rapide et arrivée dans le grand hall, stand Seventh au milieu avec foule pour l'achat, entre autres, de leur dernier opus. Montée des marches et placement par de dynamiques ouvreuses et ouvreurs. Une fois sur place, et situé à seulement 2 mètres de Francis à la sono (je pense celle du lieu et non la sienne) étrangement placé de coté et non de face ce qui, pour en avoir discuté avec lui, l'a un peu surpris et n'a pas facilité son travail. La "chasse" aux têtes connues, commencée déjà à l'extérieur se poursuit donc à l'intérieur. Le noyau habituel d'hexagonaux et d'outre-frontières est là, avec ou sans kilt, et Klaus, déjà aperçu dehors est à quelques mètres de mon strapontin velouté en compagnie de Janik. J'ai lu sur fb que Laurent Cokelaere (Neffesh Music, Maison Klaus...) était juste derrière ce duo magique, sans doute d'autres pointures garnissaient le public. Bref, du monde, 1720 spectateurs, et du beau monde !
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que Magma vient tout juste de sortir un album,
Kãrtëhl, dont certains titres font partie du répertoire depuis 2021. Ce soir, c'est tout cet album qui a été joué, principalement en première partie, avec
K.A. I en préambule, ce qui est le cas depuis l'an passé.
Magma était, est et sera toujours une musique de chants, de voix, par les voix et pour les voix. Les trois nouvelles choristes (depuis 2020 tout de même, par le nombre), en plus de
Stella,
Isabelle,
Hervé,
Christian (parfois) et même
Thierry donne une ampleur jamais entendue auparavant à cet instrument dans
Magma, correspondant certainement à ce qu'a toujours voulu Christian. Et je crois que pour tous, public et musiciens, c'est un plaisir renouvelé à chaque seconde et à chaque concert, rien de moins !! Les nouveaux, mais pas si nouveaux, non plus, musiciens (
Simon, Thierry et Jimmy) sont tellement dans ce tourbillon qu'ils donnent l'impression d'être présents depuis des lustres, (pas faux pour Simon), d'être incontournables.
Rudy, qui n'en fini pas de monter vers l'état de grâce "guitaristique" participe pleinement à l'ossature de cette équipe et, rendons grâce au fondateur, qui, à bientôt trois fois 25 ans nous donne l'impression de n'en avoir avoir qu'une fois (quelle présence forte et pleine d'émotion sur le dernier rappel...). Oui, cette formation fait et fera date dans celles iconiques de
Magma, et d'avoir fait partie des spectateurs de cette soirée fait déjà date dans mon esprit...
Donc, comme dit dans le paragraphe ci-dessus, première partie presque totalement consacrée à l'album. Si la composition de Thierry nous est familière depuis l'an passé, celles de Christian également et même bien au-delà pour ceux qui ont vu Magma depuis la fin des 70's. Par contre, découverte pour tous des compos d'Hervé et de Simon. Des "flashes" d'Offering ou de Magma les parcourent tout en ayant leurs couleurs propres mais bien ancrées dans la "zeuhl", quand même ! Je suis même sûr que si ces morceaux avaient été, ou si elles avaient pu être présentées sur scène précédemment, elles n'en auraient qu'été améliorées lors des sessions studios. Attention, je ne suis ni musicien ni critique musical, c'est le ressenti de ce que j'ai pu entendre de musiciens. En plus, ça a été très souvent la manière de procéder de Magma depuis son origine. Perso, j'aime tout particulièrement
Irena Balladina et
Walomëhndëm Warreï, mais cet album qui semblerait de prime abort presque bancal car de l'ancien et du nouveau, de la zeuhl et de la "Tamla-zeuhl", finalement, a son sens, sa cohésion et ses raisons. Et comme nous l'a si bien présenté Stella, c'est un album de groupe pour le groupe, appelant tous à donner le meilleur de soi. En cela, c'est une habitude bien "magmaïenne" de donner le meilleur de soi !! Pour autant certains auditeurs sont un peu sur la retenue, préfèrant un Magma sur de grandes et longues œuvres
(MDK,
ER,
Zëss...) et moins sur des titres courts. Certes, cela peut s'entendre, mais lorsque furent mis sous presse les
Zombies,
The Last Seven Minutes et autres
Maahnt, qui s'en est plaint !! J'y ajouterais, si vous me permettez,
La Dawotsïn qui me touche tant... Bref, peu importe la longueur du moment que cette musique touche le cœur...
En deuxième partie fut joué
Ëmëhntëhtt-Rê. Inutile de revenir dessus sinon dire combien l'ensemble de chaque voix apporte à cette musique (et aussi d'entendre
Zombies et
Hhaï !). Je dirais si vous me l'autorisez, que je préfère la version de Zombies lors de sa reprise en 2005 par P. Bussonnet, c'était bien plus sauvage, plus métallique, plus lourd, plus indus, plus brutal, attention, ça reste toujours
Zombies mais en moins "terrifiant", moins mort-vivant quoi !
Hhaï et Christian, ça ne fait qu'un et là aussi pas de surprise à dire ceci.
En premier rappel, The Night we Died, une fois encore avec ces si belles voix juste soutenu par un clavier, Rudy et Jimmy attendant en coulisses. Un deuxième rappel, bande de petits coquins, avec un Dëhndë de toute beauté, Christian sur le devant de la scène derrière son pupitre, littéralement habité par ce chant, très bel hommage de et pour Stündëhr. Une ambiance très Tamla Zeuhl bien dans l'ancrage de cette fin des années soixante dix et même début quatre vingt. Un des meilleurs moments de ce concert, n'hésitons pas à le dire, sans doute aussi car une véritable découverte sur scène
Alors, concert mixant le passé et le présent, des titres courts ou long, du pur C.V. mais aussi une belle part pour les membres du groupe d'aujourd'hui ou de toujours (Stündëhr), des musiciens complices et heureux de partager avec nous ce trop court moment (oui, on veut des concerts de 5h00 !!). Des nouveautés sur scène ou de la tradition, bref un concert varié sans aucune avarie !
Mais, car oui il y a un mais, si l'on oublie car finalement pas si important, une certaine vétusté du lieu, disons un théâtre encore bien ancré dans son passé comme expliqué au départ de cet article, il y a encore un fait à expliquer. Pour mémoire j'étais situé au 1er balcon, donc ce ne sont peut-être que mes sensations à cet endroit là. J'ai trouvé un son qui n'était pas au rendez-vous, un peu trop global, ne laissant pas correctement percevoir chaque voix, chaque instrument tel qu'espéré. A la pause j'en ai discuté avec Francis, rappelez-vous, de coté avec la sono locale, surpris de cette remarque mais pas tant que ça, du fait de sa position latérale et surtout de la sonorisation du lieu, m'a-t-il dit et si j'ai bien compris, qui était une ingénierie "globale" (j'espère bien retransmettre ses paroles). Pour en avoir également discuté avec un ami présent lui aussi au 1er balcon mais plus haut, qui a eu la même sensation. Maintenant sur fb, j'ai lu des avis similaires mais aussi tout à l'opposé, enjoués par le son, alors était-ce ce balcon ? Peut être que le son était bien différent en dessous ou au dessus ?
Pour conclure, un concert qui fait déjà date, dans la grande lignée de ceux des salles parisiennes ou exo parisiennes depuis 1969. La suite au Japon, et Monaco (avec orchestre symphonique pour 2022, et sur les routes d'ici et d'ailleurs en 2023 !
Les photos, hormis celle de la facade des Folies Bergère, sont de Jacky Vuillermoz, que je remercie ici chaleureusement.