Nous vous avons déjà parlé de cette formule mais un, petit, rappel s'impose cependant pour les moins fidèles d'entre vous, ou les amnésiques.
En près d'un an et demi, la paire rythmique composée de Philippe Gleizes et de Jean-Philippe Morel a pu inviter, au Triton, un petite dizaine de solistes à se confronter à ses trames et masses sonores pour un programme à haut risque, largement improvisé. Quand on connait les parcours des deux intéressés, il ne faut pas s'attendre à quelques chose de "normal", ici l'énergie et la folie sont à l'honneur dans une formation qui explore différents paysages sonores.
Chaque concert ayant été enregistré dans de bonnes conditions, le duo "d'enragés" s'est trouvé face au piège du live rétrospectif. Il aurait été "facile" de faire une compilation des "bons moments" de ces huit concerts, sorte d'instantané "souvenir" à la durée de vie forcément limitée. Mais voilà les deux "leaders" n'ont pas fait dans la facilité et ont construit, avec la matière sonore enregistrée, une véritable narration, mélant les concerts et les solistes, alternant envolées et détentes dans ce qui est finalement un concert "imaginaire" puisque reconstitué dans l'ordre d'un récit construit à postériori. Le procédé pourrait apparaître quelque peu artificiel à sa lecture mais le résultat s'avère assez bluffant à l'écoute, à la fois varié dans les ambiances et instrumentations (guitare, trompette, saxes, voix, claviers, accordéon...) mais qui s'avèrent tout à fait cohérentes ainsi rassemblées.
Le casting est assez redoutable et atteste du bon goût des deux compères pour trouver à qui "parler" : Bruno Ruder, Médéric Collignon, Marc Ducret, Aymeric Avice, Hugues Mayot, Emile Parisien, Vincent Peirani et Thomas de Pourquery. Et cet ensemble de différents trios construit une oeuvre singulière en variant les approches et les mouvements, en diversifiant les couleurs au gré des solistes en action. Ainsi Thomas de Pourquery apporte ici une ambiance assez singulière, déclamant par moment son texte dans une séquence climatique très personnelle précédant un décollage de la rythmique assez irrésistible... Car la rythmique guide souvent le chemin, alternant tensions et détentes dans une complicité jamais démentie depuis toutes ces années de route commune.
Le résultat c'est un disque déjanté, à l'image des deux leaders, intense et bordélique aux antipodes de la politesse d'un certain jazz français. Ici ça frotte, ça vit, ça ose... Auditeurs aventureux soyez les bienvenus !
CD Band of Dogs. Le Triton. Disponible ICI
On peut déjà se faire une idée de la chose avec les concerts disponibles sur Tritonline. En effet, on ne donne pas dans le ronronnement avec ces lascars
RépondreSupprimerPoupou