Samedi 22 avril avait lieu au Triton le 1er concert de la nouvelle formule d’Ad Vitam pour présenter son dernier né : «
Une Seconde Chance ».
Si l’on ne présente plus cette salle, il est peut-être utile de dire un mot du groupe, dans sa composition actuelle. Quelques lustres après son précédent opus, Ad Vitam revient en effet sous la forme d’un trio guitare / voix / basse-batterie.
Sur l’enregistrement, c’est Philippe Gleizes qui assure la partie de basse en plus de la batterie et des percussions, mais celui-ci ne disposant pas du don d’ubiquité, le trio s’enrichit à l’occasion des concerts d’un bassiste, en la personne de Charles Lucas.
Le fil rouge de tout cela demeure Jad Ayache, créateur du groupe, compositeur et parolier, qui délaisse le piano des précédentes formules pour la guitare et le chant.
C’est donc avec le goût particulier des « premières » que s’est déroulée cette soirée : premier concert de la série, lancement de l’album tout frais sorti des presses, mais aussi une première pour cette formation qui n’a pu répéter que peu de temps ensemble avant de monter sur scène. On y sentait de ce fait une émotion tangible mais également une sorte de fraîcheur assez réjouissante : ils étaient contents d’être là, et nous aussi. Je me suis interrogée sur le style musical que l’on pouvait affecter à cet album, sans trouver vraiment de réponse. Mais est-il besoin de mettre une étiquette sur une musique, lorsque celle-ci sait vous parler ?
Au gré des morceaux, le groupe nous mène de l’ombre à la lumière au fil des ambiances musicales, des plus sombres (J’avais cru) aux plus légères (Le printemps) en passant par une quasi berceuse (Malo, dont le jeune dédicataire se trouvait ce soir-là dans la salle) ou une magnifique ballade (Providence, où, en préambule, la chanteuse confiera au public que c’est cette chanson qui l’a décidée à rejoindre l’aventure Ad Vitam, et l’on comprend bien pourquoi à l’écoute.).
Il faut d’ailleurs noter la très belle prestation d’
Isabelle Modica au chant. Déjà, s’imposer vocalement au sein de ce collectif qui ne fait pas semblant de jouer et résister à batterie de Philippe Gleizes est une performance en soi. Le faire en gardant autant de sensibilité et d’émotions, de justesse (à tous les sens du terme) dans les interprétations dénote d’un véritable talent. A cela s’ajoute une présence scénique élégante, qui s’impose sans jamais surjouer ni dans la voix ni dans l’attitude. Quand on sait, en plus, qu’elle n’est pas professionnelle, cela force le respect et l’admiration.
Coté section rythmique, impossible de faire l’impasse sur le jeu de Philippe Gleizes : expressif, tout en puissance et en vélocité, avec un « swing » très libre, il apporte tour à tour la danse ou la charge, le feu ou la subtilité. Face à cette exubérance, la basse imperturbable de Charles Lucas s’illustre comme un ancrage, sans rien céder en musicalité. Pour tout dire, l’effet de contraste entre ces deux musiciens est plutôt amusant vu du public.
Et bien sur, il y a l’âme d'Ad Vitam en la personne de son fondateur. Alternant les instruments – j’ai compté 3 guitares différentes ! il nous amène dans son univers avec beaucoup de sincérité. Les accents jazz et rock se métissent parfois résonances teintées de flamenco, expressions d’une « patte » très personnelle. Régulièrement, sa voix se joint à celle d’Isabelle, nous offrant de très jolies harmoniques, sur des mélodies ciselées (de celles qui se nichent dans votre oreille et que vous vous retrouvez à fredonner sans vous en rendre compte, les jours qui suivent...).
En plus de cette découverte des nouveaux titres, le groupe nous a proposé un morceau issu d’une précédente époque (Vallon des Auffes), adapté pour l’occasion, ainsi qu’une reprise de Brassens (Le fidèle) toute en finesse et en couleurs.
Le concert donne clairement envie de se retourner vers l’album, pour redécouvrir la palette musicale mais aussi avoir le loisir de prêter un peu plus d’attention aux paroles des chansons : dans une langue simple mais non exempte de poésie, elles expriment des sentiments et des vécus qui ne peuvent être étrangers à aucun de nous.
Mais comme la perfection n’est pas de ce monde, il faudra tout de même pointer une ombre à ce joli tableau : la rupture de stock de bière au bar du Triton dès le début de soirée, laissant le public sur sa soif à défaut de le laisser sur sa faim !
Chronique et photos couleurs : Eurydice Anahé
Photos N&B : El Memorizatör