Après l'Olympia, sa foule en délire, son flicage, ses
interdictions diverses, son acoustique "douteuse", voici un retour en
province qui fait du bien. Le centre historique de Dinan, où se trouve le
théâtre des Jacobins, est magnifique. En arrivant devant la salle, nous tombons
sur Christian en train de discuter avec le valeureux organisateur de la soirée.
L'ambiance est détendue et propice aux échanges : L'Olympia, l'enregistrement
de Zëss, Douarnenez
1992...
Quand nous
revenons, une heure plus tard, la salle est déjà bien remplie. L'accueil est convivial
et bien éloigné de la paranoïa urbaine... Philippe Dardelle est là, en voisin.
La salle se comble peu à peu et les 528 places sont presque toutes
occupées.
Le quintet va
délivrer deux sets généreux devant un public attentif et concentré. Je n'avais
pas entendu Eric Prost depuis 2002 et son arrivée élargit le spectre sonore
de la formation avec un joli brio. Les deux solistes, Jean-Michel Couchet toujours
fidèle au poste, se relaient dans les chorus après avoir exposé le thème
ensemble. Leurs tessitures se complètent et chacun explore l'âme coltranienne
selon son propre cheminement intérieur, pouvant s'envoler sur la dense trame
rythmique proposée par le trio.
Constamment en mouvement, Emmanuel Grimonprez est l'épine dorsale de cette musique. Un
rôle qui pourrait sembler ingrat, parfois, mais tellement fondamental...
Laurent Fickelson prend visiblement du plaisir sur scène. Il assure avec un bel esprit les parties de McCoy Tyner, distillant ses interventions au gré de son inspiration mais toujours dans le respect de l'intention originelle.
Laurent Fickelson prend visiblement du plaisir sur scène. Il assure avec un bel esprit les parties de McCoy Tyner, distillant ses interventions au gré de son inspiration mais toujours dans le respect de l'intention originelle.
Dire que Christian
Vander aime "jouer"
cette musique est sans doute en deça de la vérité. Il la vit, avec cette
intensité, cette démesure qui n'appartient qu'à lui. Toujours sur le fil, à
l'écoute, guettant l'ouverture, la batteur est totalement au service de la
musique de son maître, servant l'oeuvre coltranienne avec un engagement qui n'a
pas faibli avec les années.
Afro Blue, India, Naïma, My Favorite Things,
Transition, Lonnie's Lament, pour n'en citer que quelques-uns, se succèdent
avec cette même exigence de respect et de musicalité.
Le public salue chaleureusement le quintet qui s'éclipse après sa
première prestation en province.
Remercions
l'association Jazz en Place et son mentor Patrick Jouannic pour cette belle
soirée. On sent ici un véritable respect des musiciens et du public. Depuis 13 ans, l'association organise un festival en Août, dont voici quelques noms
glannés au fil des ans : Simon Goubert, Emmanuel Bex, Jacques Pellen, Philippe
Dardelle, Ricky Ford, Jean My Truong...