mercredi 14 mai 2025

Anaïd à Saintes : la rencontre des Arts


En cette belle après-midi du 13 mars, la scène du Théâtre Gallia de Saintes aura vu éclore le projet porté de longue date par Anaid, associant le groupe sous sa forme actuelle à des musiciens et danseurs du conservatoire de Saintes. Initié en 2022, il aura ainsi fallu plusieurs années de travail pour faire naitre ce spectacle, pour l’occasion dénommé ANAID ORCHESTRA : HARMONIES EN FUSION.


Un titre au plus juste car, d’harmonies et de fusion, il en sera généreusement question tout au long du spectacle. L’idée était audacieuse d’associer à Anaid à la fois des instruments plus généralement dédiés à la musique dite classique (violon, alto, cor, violoncelle, flute traversière, clarinette) et des danseurs. En effet, pas évident de faire fusionner des univers aussi différents, sans compter l’ajout de la danse qui aurait pu paraitre artificiel. Très loin de là ! Car la « mayonnaise » entre tous ces ingrédients a finalement pris à merveille, nous offrant un spectacle de fort belle facture.



Bien sûr, il a été un peu difficile pour les instruments acoustiques de rivaliser avec le volume sonore déployé par Anaid, il aura fallu attendre le bis, Vêtue de Noir, pour réellement les entendre. Malgré cette discrétion, leur présence a participé à la couleur sonore générale, en apportant un « je ne sais quoi » de feutré et de moelleux.


Sous sa forme actuelle, Anaid est un sextet qui s’octroie le luxe de la polyvalence : ainsi, Jean Max Delva assure aussi bien la batterie que le vibraphone et le clavier, Enguéran Dufour alterne trompette et basse en double de Sébastien Husson, et Theo Ferrari, le saxo quitte parfois son soufflant pour regagner la batterie. Une histoire de famille, portée par la cellule Jean Max, Emmanuelle et Alexis. Difficile de ne pas ressentir la complicité qui unit ce trio de cœur, complicité qui dans une joyeuse contagion, s’étend à l’ensemble du groupe. Il suffit de voir les échanges entre la chanteuse et le jeune « guitar hero » pour en être convaincu dans la seconde.



Quant aux danseurs, il faut aussi saluer leur performance. Gabrielle Martel, prof de danse au conservatoire de Saintes, et Arthur Bordage, diplômé du conservatoire de Paris, ont su apporter un réel supplément d’âme à travers la chorégraphie déclinée tout au long du spectacle. Beaucoup de charisme du côté d’Arthur, de grâce de celui de Gabrielle, dans des évolutions jamais caricaturales mais riches en émotions, dans cette alliance de force et de délicatesse qui, pour être le propre de la danse, sied aussi parfaitement à la musique d’Anaid. Une symbiose poussée jusqu’à faire évoluer les danseurs au milieu des musiciens, s’intégrant au cœur du réacteur entre Emmanuelle et Alexis. Sans être présents sur tous les morceaux, leurs interventions ponctuent avec une grande poésie les différents moments du concert.



En 2e partie, c’est Sophia Domancich qui rallie la troupe, en invitée d’honneur, faisant monter encore d’un cran l’excellence. Dès les premiers accords posés, on sent que quelque chose se passe ! Ce n’est pas la première collaboration entre la pianiste et le groupe, dont les parcours se côtoient depuis les années 80, et là non plus, la complémentarité et la complicité ne se démentent pas. Un bonus qui vient enrichir le récit en cours.


De mon côté, si j’avais déjà pu approcher la musique d’Anaid via les albums, c’était la première fois que j’avais la chance de les voir en live. Et comment ne pas être impressionnée par la performance et l’énergie dégagée ?  Il y a des groupes qui se révèlent pleinement sur scène, les disques n’en offrant qu’une vue partielle de l’enchantement qu’ils sont capables de générer. Anaid semble être de ceux-là.  J’ai été bluffée par la prestation d’Emmanuelle Lionet, sa voix limpide et puissante, convoquant parfois des accents de Janis Joplin autant que de Kate Bush, sa présence explosive et joyeuse, d’une grande générosité et d’une grande liberté scénique. Un véritable personnage, qui, sans se donner des airs de diva, enflamme la scène.


Musicalement, Anaid se distingue par son univers très personnel, mêlant jazz, rock, fusion, world music. On peut y entendre aussi des ambiances proches de ce que l’on peut trouver dans un autre groupe que nous aimons bien ici, Free Human Zoo. Les fans attentifs se souviendront d’ailleurs d’un concert à l’occasion du festival Crescendo, en 2024, qui avait réuni sur la scène Gilles Le Rest et Anaid. La setlist du concert se composait d’emprunts aux différents albums, dont les arrangements ont été repris par Alexis et Engueran. ( saluons ici le travail remarquable qu’ils ont effectué) .



Adossé à une collecte Hello Asso dont ce blog avait, à l’époque, fait mention, le projet était également de réaliser durant le spectacle une captation vidéo et un enregistrement, afin de donner naissance à un double album live.  


Nous attendons donc impatiemment ce précieux livrable qui permettra aux uns de revivre ces jolis moments et aux autres de les découvrir. 


Article &  photos : Eurydice Anahé 




dimanche 11 mai 2025

Un premier disque pour Hervé Aknin

Hervé Aknin chanteur de Magma depuis 2008   nous livre un album tout en subtilités, loin de l'univers de la Zeuhl et en cela, c'est une bonne initiative, les influences sont sous jacentes allant de Al Jarreau à Henri Salvador (période Chambre avec Vue, Ma chère et tendre), Bobby McFerrin, Gilberto GilGino Vannelli (période années 80), les textes sont ciselés, ouverts au monde, aux gens, à l’espoir et la nostalgie, la synchronicité  des destins. Les musiciens du groupe The Time traveller’s Pascal Corriu : Guitare. Philippe Panel : Basse. Niko Sarran : Batterie, Percussions. Caroline Indjein: Choeurs. Emilienne Chouadossi: Choeurs sont excellents et distillent mille facettes étincelantes d’un rock à la fois nourri aux accents prog et blues et nimbé de musiques du monde, de folk songs.

Quelques effluves ancrées dans le sillage du jazz world et Chaloupé de bossa  profilé en filigrane. La voix d’Hervé est posée, ample, profonde, rigoureuse, riche d’un timbre soul. Le chant en français ne perd sa verve rythmique.

La production est léchée. 

Un album qui respire, enivrant, une bien belle réussite. 


Thierry Moreau



Hervé Aknin : Auteur Compositeur, Chant, Guitare, Choeurs. 

Pascal Corriu : Guitare. 

Philippe Panel : Basse. 

Niko Sarran : Batterie, Percussions. 

Caroline Indjein : Choeurs. 

Emilienne Chouadossi : Choeurs. 


Paroles et musiques: Hervé Aknin. 

Excepté Waves: Paroles, Nathalie Blomme. 


Enregistrements et mixage : Niko Sarran. 

Mastering : Bruno Varea - Upload Studio. 

Réalisation : Thomas Guibal. 

Opérateur, Caméra, Étalonnage : Renaud Sarabia. 

Montage : Nathalie Blomme. 


samedi 10 mai 2025

Magma, Christian Vander, Rudy Blas... ça a publié de mars à mai !

 

Certes, on vous communique l'info un peu tard surtout pour ceux qui ont déjà ces revues, mais peut être sera-t-elle utile pour d'autres, qui pourront encore commander ces magazines à leur libraire préféré.

Tout commence par Batterie Mag n°222 de mars 2025 avec une longue interview de Christian Vander sur 7 pages, illustrée de nombreuses photos, où l'on parle de l'actualité de Magma, de méthode de composition, de matériels...

L'aventure continue avec Guitare Part n°369 d'avril 2025, où Christian et Rudy Blas échangent, 6 pages avec photos où l'on cause de Magma, Coltrane, de guitare... et ça permet aussi de mettre en lumière Rudy, d'un naturel un peu réservé mais si sympathique !

Et, pour clore ce chapitre, Rock & Folk n°693 de mai 2025, 6 pages avec photos n&b anciennes et une interview de CV qui parle de l'historie de Magma. A noter, amusant hasard de circonstance, un article sur Starshooter, mais si, rappelez vous, "Ils courent plus vite que Magma, ils font plus de bruit que Guy Drut", sinon pas sûr que vous vous en rappelleriez de Starshoot...







Voila, tardivement, mais on vous l'aura dit !!


jeudi 1 mai 2025

Magma à Villerupt ... rupture de répertoire !!

Alors là, il fallait y être, et je suis vraiment content d'avoir pu assister à ce concert, ils étaient plus forts qu'habituellement. Les spectateurs (sauf ceux partis avant la fin ne doivent plus avoir de beaux ongles) ont vraiment été gâtés... Je vous raconte.

Déjà, petit rappel géographique, nous sommes à 2km du Luxembourg, 10km de la Belgique et 30km de l'Allemagne et pour la France, Longwy, Thionville et Metz dans les environs. Bref, une ville européenne avec un bassin important de spectateurs potentiels aux alentours. 


La salle, un bâtiment moderne dans un quartier périphérique en mutation de cette ancienne ville minière, donnant sur une vaste esplanade. Au passage, dans la salle des Fêtes Maurice Thorez de Villerupt, déserteur notoire, Jimmy Hendrix a joué en 1966 avec un certain Johnny, et il a du y laisser de bonnes vibrations pour les musiciens futurs... Sinon, de bons sièges capitonnés en estrade, avec des rangées suffisamment décalées en hauteur pour ne pas être gêné par le chignon de madame ou le crâne luisant de monsieur. La scène est assez vaste pour que nos dix musiciens puissent y évoluer sans difficulté. En même temps, hormis Hervé, Caroline et Christian, pas trop de mouvements sur les planches !

Ayant eu l'honneur de les voir à Istres, quelques changements ont eu lieux, déjà relevés par l'équipe de Kosmik Muzik à Bordeaux (voir Ici) et à Nantes (voir Là). Mais avant de parler des changements, commençons par le petit discours introductif d'Hervé. En effet, il nous rappelle l'absence de Stella pour cette tournée pour raisons médicales, Stella à qui je présente mes vœux de rétablissement les plus sincères, ce qui, j'imagine, nous donne l'occasion à toutes et tous de lui envoyer des ondes positives. Nous lui devons bien ça... Coté chant, cela a provoqué quelques changements, le plus notoire étant celui de Caroline venant vers le devant de la scène à deux reprises reprenant les parties de Stella. Là où il y a évolution avec Istres, c'est plutôt dans le jeu de scène à plusieurs reprises entre Hervé et Caroline, où ils se donnent la réplique. Il me semble aussi qu'elle y est restée plus longtemps, mais ce n'est peut être qu'une impression.

Le répertoire de toute la tournée à toujours été le même (toujours ? jusqu'à ce soir...), et il commence par K.A., et question ouverture, l'ambiance est bien posée ! En plus de "l'avancée" de Caroline, il est à noter que Thierry nous a fait une superbe envolée lyrique sur Om Zanka, qui rappellera aux chanceux celles de Christian en 1974... Cet homme là sait se servir de ses mains et de ses cordes vocales, un des moments les plus forts de ce concert, c'est sûr.

Vient ensuite le bel hommage à Michel Graillier avec Auroville, entamé par un long passage au piano électrique de Simon puis le deuxième clavier avec Thierry. Je suis pas vraiment mordu par ce son assez jazz-rock 80's, et puisque Mickey était pianiste, alors pourquoi ne pas utiliser une sonorité de piano ? Ca ne reste que mon avis, mais partagé par d'autres pour en avoir discuté. Cet Auroville, passage au climat plus reposé que K.A. laisse la place ensuite à Félicité Thösz, qui redonne une note électrique et puissante au concert. Morceau qui n'était plus joué depuis longtemps et qui est une bonne idée pour ce changement de répertoire avec 2024. Ce titre nous donne à voir, et là aussi changement avec Istres me semble-t-il, un bel échange vocal entre Sylvie et Christian, sorte de discussion à qui aura le dernier mot, et donc l'emportera !! Une vrai note sympathique et un instant assez théâtral qui est la bienvenue. Magma a toujours bougé et évolué sur scène, et le démontre encore !!!








Les musiciens se retirent, boivent une gorgée d'eau, et le public tout en les acclamant, les réclame pour un retour sur scène. Jeu universel pour un bis, prévu, entendu et bienvenu. 

C'est donc au tour de The Night we Die d'être interprété. Avec 5 chanteurs, plus Thierry et Christian aux micros, autant dire que la place est aux voix pour cet extrait de "Merci". Merci à eux tous pour tout ce qu'ils nous offrent, nous donnent. Oui, l'album Merci à cheval entre Magma et Offering, et c'est bien une offrande que nous recevons à chaque note...

Comme toujours sur cette tournée, mais également depuis un certain temps, Ehn Deïss vient clôturer le concert. Cette fois ci c'est Offering qui vient dans Magma, comme quoi les détracteurs du passé n'ont rien vu ni entendu, l'un et l'autre vont ensemble, comme les mèches d'une tresse, chacun son style mais tous ensemble. Cet Ehn Deïss nous permet de voir revenir sur scène Jimmy mais cette fois ci au chant. Et je suis presque sûr que ce n'est pas son idée mais qu'il y est poussé par d'autres pour qu'il fasse lui aussi vibrer ses cordes, pas le quatuor mais la paire !! Rudy vient prendre un joli chorus qui remplace celui initial au synthé de Thierry. Christian lui est toujours habité dans son rôle de chanteur et ses mimiques et autres jeux de mains et bras. Là encore, les années 80 et 90 ressurgissent. Une tresse vous dis je, une tresse...

Hervé nous disait en préambule de ce spectacle, que c'était la dernière date de la tournée. Dernière ?? Moi je n'en suis pas si sûr. Il reste Paris au Grand Rex, certes qui devrait être différent, mais aussi Motocultor Magma n'aura qu'une heure pour régaler les métalleux. Ce qui sera peut être aussi le cas chez nos amis Suisses de Moutier. Mais alors, que sont donc les concerts de Sètes cet été et Vauréal en fin d'année sinon des dates de "Magma on tour 2025". Je ne dis rien mais je le dis quand même...!

Et Magma, aligné en remerciement pour son public nous fait face pour nous dire au revoir.


Applaudissement nourris et Christian, dans un humour très vandérien, s'avance et nous dis dans le micro "un petit Mékanïk ?". Bien (mais pas mal !) lui en a pris car pour les spectateurs qui n'ont pas eu la mauvaise idée de partir, ça "clap" de plus belle et entonne un "Mekanïk" de rappel ! Nos musiciens sont un peu désarçonnés mais se regroupe en rond comme une équipe de sport de haut niveau, débattent certainement sur ce qu'il faut faire et vont reprendre leurs instruments. Vous devinez la suite, les premières notes hypnotiques commencent à résonner. Qui l'aurait seulement parié ou espéré quelques minutes plus tôt, personne sans doute. Des malheureux problèmes de micro d'Isabelle interrompent le divin morceaux, un technicien vient rapidement corriger le problème et, après une nouvelle et courte concertation, nos femmes et hommes en noir basculent vers le final de MDK. A l'issue du concert, croisant Simon, je lui demande s'il n'y avait pas eu ce problème technique s'ils auraient joué tout le morceaux ou pas. Il m'a répondu qu'ils avaient convenus de le stopper à un moment, mais plus tard que celui du micro défaillant.

Du coup, deux heures de concert, deux heures de régal, deux heures d'un moment intense. Je pense et j'imagine que ce fut le meilleur concert de cette tournée (mais qui n'est pas encore finie vous dis-je.... La salle, les lumières, le son, l'osmose, le répertoire, tout était parfait. 

Merci Christian, merci les musiciens, merci Magma.