vendredi 19 janvier 2018

Revenons un peu sur 2017

L'année qui vient de s'écouler aura été propice à une actualité soutenue, même si nos âmes de passionnés auraient tendance à toujours en demander plus ! Alors que 2018 s'annonce plus calme, un petit regard dans le rétroviseur s'impose...

Côte Magma pas de nouveauté, si ce n'est... le DVD Emëhntëhtt-Rê qui sortait il y a juste un an !  L'absence de distribution dans les circuits classiques a, sans donc, réduit l'impact de cette parution qui permet d'entendre enfin la seconde trilogie de l'oeuvre vanderienne, captée ici au Triton fin 2014, dans une unité de temps et de moyens. En bonus, l'interview réalisée par Bruno Heuzé s'avère passionnante, bref, si vous êtes passés à côté, une seconde chance vous est offerte.
Pour le reste, le programme aura été aux reeditions, tâche noble mais ardue dans une époque où la dématérialisation pousse tant de labels vers la sortie (voir le cas récent de Cuneïform). Attahk bénéficie désormais d'un packaging moins minimaliste et d'un mastering plus ample. Mais c'est la nouvelle édition de Wurdah Itah qui est évidemment la plus marquante. Outre une pochette définitive, un intéressant nouveau mastering c'est, bien sûr, cette première session inédite de la maquette réalisée en Janvier 1972 qui retiendra l'attention de beaucoup d'entre vous. Bien qu'il ne s'agisse pas de la bande finalisée (avec batterie), utilisée pour le film Tristan et Iseult, ce document permet de se plonger dans le climat originel de la musique Zeuhl, appararaissant un peu plus chaque jour, sur un certain piano, dans une transe jamais démentie... Evidemment incontournable !
Pour la scène, l'année a été marquée par ces deux soirées à l'Olympia en Février, l'apparition de Ehn Deïss comme rappel (enfin la grande réconciliation ?) et ces pays lointains inlassablement visités par la Zeuhl Wortz...
Et même s'il ne s'agit pas d'une production "maison", il ne faudrait pas oublier The Music of Magma, le film de Laurent Goldstein, fruit d'un long travail de tournage au travers des continents. D'une qualite technique largement supérieure à Nïhao Hamtaï, nous reviendrons très prochainement sur ce film, avec le principal intéressé...

Difficile de s'y retrouver dans les productions récentes. Le net et les moyens de production actuels ont multiplié l'offre potentielle via les Bandcamp et autres Soundcloud, mais il semble pourtant de plus en plus difficile de sortir un disque et surtout de le distribuer efficacement. Après de nombreuses écoutes, le disque de Band of Dogs reste un album formidable. Je vous en ai deja dit tout le bien que j'en pensais et plutôt que de radoter, je vous renvoie donc à ma chronique ICI .

Nous vous l'avions pourtant annoncé, publié un entretien avec le musicien mais nous avons omis de revenir sur le dernier disque d'Albert Marcoeur. Le musicien distillant ses productions discographiques avec une certaine parcimonie (six années entre les deux derniers disques), il faut du temps pour profondément s'impregner d'un nouvel opus, y revenir souvent pour en saisir toutes les richesses et les subtilités disséminées au travers des plages sonores. Certes la musique d'Albert Marcoeur n'a plus le foisonnement qui fut la sienne dans les 70's, mais c'est au profit d'un minimalisme et d'une économie de moyens qui sied à merveille à la musicalité rigoureuse du Quatuor Béla. L'art d'Albert Marcoeur reste unique et Si Oui, Oui, Sinon, Non n'en est pas le moindre jalon.

Autre tendance du moment, les luxueux coffrets qu'il s'agisse de rééditions ou bien, plus rarement, d'inédits. A ce jeu, où sont passés maîtres des groupes comme Crimson ou Jethro Tull, relevons quelques parutions dans nos univers musicaux. Nous avons déjà parlé du coffret 44 1/2 dArt Zoyd en nos pages et l'objet reste bien entendu d'actualité avec un contenu particulièrement dense ! Signalons que la mise en stand by de Cuneïform Records devrait inciter les amateurs à se procurer l'objet sans trop tarder...
Pour la première fois, Magma fait l'objet d'un coffret vinyle Retrospektïw, réalisé par le label Southern Lord issu de la scène metal. Le design de l'objet, assez original, est plutôt réussi respectant les codes graphiques habituels tout en parvenant à en renouveler le genre. L'insert des bandes dessinées de Gotlib et Solé est sympathique et bien réalisé mais ma vieille âme d'archiviste en fin de carrière regrette, cependant, l'absence totale de rapport entre l'évènement ici retracé (les 10 ans de Magma à l Olympia) et la réalisation de l'objet...
Dernier Coffret en date, celui d'Heldon et de ses trois meilleurs disques sortis entre 1976 et 1979. Beau travail du Souffle Continu, livret bien illustré, pochettes restituées avec soin, voilà du bel artisanat discographique qui remet en valeur le meilleur de la démarche du groupe de Richard Pinhas, ici en très bonne compagnie (Patrick Gauthier, Jannick Top, Didier Batard, Klaus Blasquiz...).

Outre les coffrets, les rééditions vinyles ont toujours le vent en poupe, bien qu'il ne s'agisse, en fait, que d'un marché de niche. Alors surfons sur la vague avec une parution à retenir tout particulièrement. Jolie ressortie (pochette double, texte inédit...) du premier album solo de Laurent Thibault, Mais on ne peut pas Rêver Tout le Temps, qui marque également le retour de Thélème. Malgré les années, l'album a su garder ses qualités et s'avère finalement assez visionnaire des apports "World" qui allaient déferler peu après sur la scène mondiale. Bien sûr, les clins d'oeil au premier double de Magma ne sont pas fortuits mais on ne saurait ainsi réduire cet enregistrement à une seule veine musicale tant ce disque est sophistiqué dans sa réalisation, mélant les ambiances et les références au travers d'un beau voyage onirique qui mérite d'être redecouvert près de quarante années après sa parution originelle.

1 commentaire:

  1. Encore un beau travail rédactionnel. Je suis , pour ma part, déçu par le DVD Music of Magma, même si la partie concernant l'enfance de l'Art est intéressante. Ce DVD n'a d'ailleurs pas suscité beaucoup de réactions dans les médias sociaux. Je ne suis pas d'accord avec l'avis sur Albert Marcoeur. Le foisonnement est toujours là, il a une autre forme, une autre couleur, un autre son. Il est aussi plus discret sur disques mais, en tous cas, et heureusement, plus présent sur scène.

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