lundi 12 juin 2023

Magma AKÜSTÏIK WOKAAHL au Triton le 25 Mai : Et je te dis Merci !

Une heure et demi d’émerveillement, c’est en quelques mots ce que l’on pourrait dire de cette soirée du 25 mai au Triton.

Magma en effectif restreint, 8 voix autour d’un piano et d’un tambourin, la quintessence de cette musique qui, ce concert le confirme, peut se dévêtir de sa section rythmique sans rien perdre de sa force - au contraire.

Après une brève présentation teintée d’humour par JP Vivante, interrompue sur le même ton par Stella, le concert commence.

Le lieu, à savoir la petite salle du Triton, instaure immédiatement une atmosphère intime, une proximité entre le public et les artistes. Chacun ou presque pourra capter leurs regards, leurs expressions, leur vibration.

Première surprise qui nous indique que cette soirée sera peu ordinaire, elle s’ouvre avec un morceau qui n’avait plus été joué depuis longtemps : Klameuhr, issu de l’album L’Homme Suprême. On ne peut ignorer le lien qui se fait, d’emblée, avec Offering, même si on peut aussi penser aux Voix de Magma.

Nous nous retrouvons dès le début plongés dans un climat très particulier, un cocon, une suspension du temps où seule existe la musique. Un moment spirituel, qui durera pendant tout le concert -et même au delà. La concentration de tous les protagonistes sur scène est palpable, comme un recueillement. Christian, très habité, nous gratifie de ses mimiques inimitables et joue d’une basse imaginaire au gré des morceaux.

Suit une interprétation magnétique de K.A 1. On y entend toute la richesse de cette écriture musicale, la finesse des arrangements, sans artifices.

Kartehl n’est pas oublié , avec Hakehn Deiss, dont le final nous donne un bel perçu des aigus stratosphériques des chanteuses, Do Rin Ili Uss, la composition d’Hervé, que Stella qualifie de « diamant » pour l’occasion, et Irena Baladina, où Thierry reprend sa place au piano, pinçant les cordes à même la table d’harmonie avant de déployer sa mélodie au clavier.

Un détours par Merci, grâce à I Must Return, qui, paré d’un groove tout à fait solaire nous permet d’ apprécier le joli timbre rock de Sylvie, puis une autre référence à Offering, Tilim M’Dohm, qui amène une touche de légèreté, et la Cavatina de Deer Hunter interprétée tout en délicatesse par Stella.

Au fil des morceaux et des ambiances, le piano de Simon chante et danse comme les voix ou vient scander un rythme dans des boucles obsédantes d’enchaînements d’accords à la manière d’ un métronome hanté.

De temps en temps, Christian se retire de la scène , mais sans s’absenter pour autant, tant il garde la connexion par le regard et l’esprit avec le groupe et la musique en train de se faire. On pourrait presque voir l’énergie circuler.

Le moment le plus fort du concert restait encore à venir.

Il a suffi d’un accord pour comprendre : Zëss !

D’abord le chœur, puis, seul sur l’ostinato du piano, le poème, où chaque mot résonne, posé de tout son poids . Nous sommes là. Nous sommes prêts. Le kobaien succède au français, déclamé par un Christian quasi mystique, le geste à l’appui de chaque syllabe, mains ouvertes levées et regard de fièvre. Enfin, les choristes reviennent et la transe monte encore d’un cran, la partie gospel arrive, martelant un Sanctus hypnotique, puissant, jusqu’à l’accord dissonant de son acmé puis les ôm finaux, comme un apaisement, une résolution après cet envol dont il n’est pas possible de revenir indemne.

Autre moment d’intense émotion, Ehn Deiss, en premier rappel. Là aussi, ça nous emporte très haut, très loin, dans une tonalité toute autre mais sans moins de ferveur.

Deuxième rappel, pour ne pas nous laisser revenir sur terre, une magnifique version de Hhai.

Les derniers instants nous laissent éblouis autant qu’incrédules : quoi, c’est déjà fini ? Avons nous vraiment vécu ce moment?

Je suis sortie de ce concert convaincue d’avoir vécu une des plus belles soirées musicales de ma vie, pleine d’un mélange d’émotions incroyables : le bonheur d’avoir entendu Zëss et Ehn Deiss pour la première fois en live (et quel live!) ; la gratitude pour ce cadeau, cette musique et ceux qui la portent ; la conscience du privilège absolu d’avoir été là ; et la certitude d’avoir vécu un moment complètement magique.

Texte de Euridyce Anahë. Photos du Memorizatör sauf la dernière ! 






5 commentaires:

  1. Merci Eurydice Anahë, pour ce vivant récit détaillé, empli de joies et d'émotions contagieuses ! "L'une des plus belles soirées musicales de ma vie..." je n'en doute pas ! Patrick Thubaut.

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  2. Merci de cette belle chronique. Il s'est vraiment passé quelque chose lors de ces 2 soirées exceptionnelles au Triton ...

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  3. Oui mais franchement moi y a pas comprendre qu’ils étaient pas dans la grande salle.. qui aurait été pleine en plus

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  4. Joli conte rendu qui me laisse imaginer les interprétation du répertoire sité et magnifiquement choisi.
    Ça mériterait une nouvelle tournée : les voix.

    Muzikal (m)ement
    Dersu

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