lundi 29 octobre 2018

Christian Vander Trio au Triton, ou les retrouvailles avec Emmanuel Borghi

Alors, oui, après dix années d'interlude, c'est bien de retrouvailles qu'il s'agit entre Christian et Emmanuel. Et du coup avec Philippe également...
L'annonce de ces deux concerts, des 19 et 20 octobre 2018, a un peu surpris, mais cela a permis par la même occasion de copieusement remplir le Triton, place incontournable de la planète Vander ! C'est déjà un premier bon point. Et qui n'est pas sans m'en rappeler un autre, le retour de Janik Top dans la sphère Magma en 2005 et déjà au Triton. Si cette dernière fût véritablement poignante, explosive et remplie de bonheur (si si), celle avec Manu (si tu me permets) fût plus discrète, feutrée mais pas sans vibrations, bien au contraire.
Pour avoir croisé Emmanuel en fin d'après midi, il m'a semblé qu'il y avait comme une légère note d'inconnue, un je ne sais de "est-ce que tout va bien se passer ?" sur son visage. Après, Emmanuel n'est pas particulièrement extraverti, plutôt concentré dans ses pensées ou sur son sujet. Et puis ce n'est que mon impression à ce moment là...

Les portes se sont ouvertes vers 20h00, laissant entrer une foule d'aficionados et de passionnés, de spectateurs exigeants ou décontractés. Quelques visages connus et qui suivent depuis de longues années ce mentor qu'est Christian sous toutes ses formes, jazz ou non. Et devant, une jolie et charmante demoiselle vue à Vienne et Dommartin, Maud, 22 ans, remplie de bonnes intensions, impatiente de découvrir les lieux et cette formule et qui, en plus, va aller à La Haye. La relève est là et bien là !
Tout le monde s'assoie, discute et attend dans la bonne humeur. Jean-Pierre Vivante, comme à son habitude, vient nous présenter la soirée en quelques phrases, relevant le fait que, en cette première journée de vacances scolaires, l'assistance était plutôt composée de grand-parents que d'enfants, ce n'est pas faux, mais tout ça, c'est bien plus dans la tête que dans les veines, et là, nous avons pu gagner quelques années. Enfin je crois !
Et les trois comparses arrivent. Christian dans sa tenue classique, Philippe et sa belle casquette de cuir et Emmanuel dans une belle chemise en jean (on s'en fout, c'est vrais, mais je vous le dis quand même, après tout, c'est mon texte et j'y mets ce que je veux !). Tout le monde s'installe, se concentre et nous voilà partis pour une belle soirée coltranienne.
Alternance de moments forts ou plus en douceur mais ça attaque dur, le piano répondant à la batterie, ou l'inverse, ou les deux, on ne sait plus ! Les titres s'enchainent, on ne voit pas le temps passer, tellement absorbé que nous sommes par la qualité de la musique offerte.
Une belle progression de l'intensité dans ce premier set, finissant par un Dear Mac du feu de Dieu... Ca cogne, ça tape, ça claque, ça frappe, il y a plus que de l'électricité dans l'air, il y a du feu ardent qui coule dans nos oreilles.
Une petite pause d'une quinzaine de minutes arrive à propos pour reposer un peu nos artistes et nous permet de dégourdir nos jambes et nos gosiers.
La reprise est dans la continuité, à savoir cette même alternance dans l'intensité mais pas de relaxation !
Philippe nous gratifiant au passage d'un solo où il nous a prouvé, s'il le fallait, tout son talent, même s'il est le plus effacé des trois, bien dans sa bulle et pas toujours bien perceptible sachant que ça tape fort par ailleurs...
Christian y va aussi d'un petit solo, d'autant plus petit si l'on regarde quelques années en arrière. Mais bon, peu importe le nombre de minutes, ce condensé bref suffit à calmer notre dépendance aux cuivres et peaux vrombissants.
Et non, Emmanuel ne nous a pas offert de solo, aussi petit soit-il. Par contre, étant placé juste à coté de lui, j'ai  pu admiré de près non seulement sa virtuosité mais aussi son jeu très percutant, sa manière d'enfoncer ses doigts dans les touches du piano. Vous voyez ce que je veux dire ? Non ? Et bien moi c'est l'impression que cela me donnait, comme s'il plongeait entre les blanches et les noires.
Le Trio s'efface quelques instants, vite rappelé par le public pour terminer par un Equinox clôturant cette très belle soirée.
Nous avons eu droit à deux bonnes heures de musique, de Coltrane bien sûr, mais aussi de Michel Graillier et McCoy Tyner. Finalement l'un étant dédié au pianiste du Maître et l'autre étant son pianiste, nous sommes bien dans la marmite du grand John.
Cette soirée, comme annoncée plus haut, marque les retrouvailles de ces deux grands musiciens qui, après avoir débutés en avril 1987 et avoir collaboré dans pratiquement toutes les formations (excepté Fusion), s'étaient finalement séparés en février 2008, à notre grand désespoir, et entrainant le départ des enfants Paganotti par la même occasion. Alors oui, ce sont donc bien, rien que pour ça, deux soirées événementielles !
Enfin, le Christian Vander Quartet ayant œuvré il y a peu, cela permet aussi si l'on veut comparer ces deux formations, de dire que le jeu de Philippe Dardelle est plus discret et moins démonstratif que celui d'Emmanuel Grimonprez, et que le jeu des pianistes est forcément différent puisque Laurent Fickelson est plus dans l'accompagnement alors qu'Emmanuel Borghi doit aussi prendre les rôles des solistes que sont Eric Prost et Jean-Michel Couchet.
Et pour finir, je n'ai assisté qu'à la première des deux soirées, je suppose que la deuxième fût de la même trempe, voire même plus forte car les interrogations des musiciens (en avaient-ils vraiment ou encore...) étaient forcément dissipées. Ce qui me fait regretter de n'avoir pu être disponible pour celle-ci aussi...


1 commentaire:

  1. Olé,
    là aussi c'est une bonne nouvelle : j'aime bien ce 3io !
    :o)

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