mercredi 13 octobre 2021

Melle, Biganos, un Magma Libre et Vivant

Il nous aura donc fallu un an et demi pour retrouver le chemin des salles de concert et, enfin, renouer avec ce nouveau Magma que nous avions capté début 2020. Malgré cette étrange période, une jolie carte de visite est parue, sous la forme d'un double album live, permettant de garder le contact avec le nouveau groupe, voire pour certains de le découvrir.

Avec l'automne approchant, Magma a pu se réunir à nouveau pour préparer un répertoire inédit en vue d'un nouvel album. Alors que le bassin d'Arcachon se rapproche, les quelques échos publiés ici et là résonnent dans mon esprit... La Ballade Bossa... Stevie Vander... autant de thèmes de la fin des 70's laissés en jachère avant de retrouver une nouvelle vie, improbable certes mais avec Magma il ne faut jamais dire jamais mais... toujours...

La salle du centre culturel de Biganos peut recevoir 300 personnes à tout casser. L'ambiance est très détendue ici mais ce n'est pas la foule et cela en est presque choquant, Bordeaux est à 30 minutes seulement...  Quelques têtes connues mais pas tant que ça, la rupture de la fin 2019 aurait-elle laissé tant de traces ? Où bien ce sacré "pass sanitaire", allez donc savoir... A Melle, la veille, la salle était pleine...
Les absents auront tort, car Magma est redevenu Magma et n'évoque plus, ce qui était devenu, par moments, un tribute band célébrant un passé révolu. La musique vit à nouveau, module, évolue... Dès lors la rupture de l'automne 2019 en apparait d'autant plus judicieuse, la manière ne regardant finalement que les participants.

Bien sûr, le fait de disposer de nouveaux morceaux n'y est pas pour rien. En ouverture une composition de Thierry Eliez, assez complexe et qui gagnera en fluidité avec le temps. De belles tourneries rythmiques et des choeurs imposants et lyriques... La section vocale, qui a subi une légère modification depuis Juin, apporte une magnifique couleur en s'appuyant sur les teintes des différentes solistes selon les thèmes interprétés. K.A I est ainsi réapparu, bénéficiant de cet apport vocal inédit et rare car Magma a rarement eu les moyens d'avoir autant de chants sur scène.

Avec I Must Return, peu joué sur scène (79/82-83), les années s'enchaînent vers la période Tamla Zeuhl, un fugace souvenir du concert en banlieue nantaise en Mai 1983 traverse mon esprit, pas de Zuress exatique ce soir, ce n'est pas plus mal... Malgré un tempo un peu incertain, les voix sont à l'honneur, particulièrement Sylvie Fisichella dans un registre plus blues. Et, l'air de rien, voilà de quoi réhabiliter Merci au passage... Irions-nous enfin vers la grande réconciliation ?

Simon Goubert retrouve ici ce travail de rail fondamental pour la musique de Christian Vander, composée, rappelons-le au piano. Ce n'est certes pas un rôle gratifiant sous les spots mais la permanence de sa passion pour cette musique emporte tout sur son passage, force et respect se conjugant ici.
Les voix s'avèrent, au fur et à mesure du concert, d'une pertinence rare. La dernière arrivée, Caroline Szymkowiak se fond très naturellement dans l'ensemble avec un talent non démenti. 
Avec deux titres "inédits" le concert va prendre une teinte très marquée sur le plan vocal. Avec la "Ballade bossa", interprétée une ou deux fois début 77, c'est tant à un voyage temporel que géographique que nous sommes conviés. Voilà une Bossa qui ne dégénère pas si j'ose dire, mais véritablement jouée ici en Bossa, avec un énorme clin d'oeil à Kobaïa. Stella s'empare du chant Solo de ce thème qu'elle affectionne tout particulièrement et Rudy Blas développe les mélodies à la guitare. C'est surprenant, certes, mais cela confirme que ce groupe peut se permettre beaucoup de choses...
Avec Stevie, nous voici en pleine époque Tamla Zeuhl (1977...). Sauvé d'une cassette "à la maison", ce morceau est une véritable perle. Un thème lyrique, lumineux aux arrangements vocaux très réussis. Mais la rytmique n'est pas en reste ici, il y a de l'espace, de l'air, du swing dans ce Magma et Jimmy Top amène vraiment quelque chose au groupe, un jeu plus léger, plus contemporain... Je ne doute pas que ce thème soit un grand moment du prochain disque...


En l'attendant, Magma a remonté Mekanïk. Depuis 1978, j'en ai entendu un certain nombre, mais j'avoue que cette version a une belle dynamique : retour du discours kobaïen en intro, sons de cloches issus des claviers de Thierry Eliez, rythmique à la fois puissante et aérée... de très joli aigus, fort touchants, de Laura Garrato dans les chants Zeuhl. Une petite séquence de choeurs, assez rare (de 1973), a même été remontée le tout avec une belle souplesse et une jolie prestation d'Hervé Aknin particulièrement à l'aise au sein d'une telle équipe vocale. C'est fluide, prenant avec un spectre sonore enfin ouvert à nouveau. Et puis il y a, au centre de la scène, le responsable de tout cela. Bien sûr les années sont là, elles ne font de cadeau à personne. Il y a 50 ans c'était les premières versions da la Bossa qui dégénère mais la passion est toujours là, le feu couve toujours en Christian Vander, avec d'autres moyens mais une intelligence musicale jamais démentie.

Le groupe disparait de scène quelques instants, avant de revenir en configuration vocale pour The Night We Died, encore un extrait de Merci et porte ouverte vers Offering... Les lumières se rallument laissant en chacun l'image d'un groupe régénéré, uni, souriant. La rupture de l'automne 2019 avait permis à certains et certaines d'annoncer, une fois de plus, la fin du grand Magma. Force est de constater qu'ils ont eu, une fois encore, tort.


Un grand merci à Pierre De Ramefort pour ses belles photos du concert de Melle.

12 commentaires:

  1. Hâte de pouvoir découvrir cette nouvelle formation sur scène. J'avais déjà perçu cette séparation, à l'époque, comme un bon signe : je sentais que Magma se sclérosait et s'ennuyait et quand j'ai vu le changement de personnel et de bassiste, je me suis dis "enfin, ils vont peut être en profiter pour monter un nouveau répertoire, se renouveler un peu" et ça m'a l'air d'être tout à fait la direction dans laquelle ils vont et ça me fait grand plaisir. C'est beau de les voir enfin s'amuser de nouveau.

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    1. Tout à fait.
      Chaque changement , chez Magma, me laissent perplexe sur le moment, me demandent de revenir sur mes habitudes auditives...puis au fil du temps, je m'y habitue à nouveau...j'avoue je doute (à tort) souvent lorsque Mr Vent dit "...le meilleur reste à venir..." je devrais + lui faire confiance sur son gain de sagesse avec l'âge et ses experiences ....et laisser de côté mes habitudes qui m'empêchent d'avancer...

      Muzikalme(m)ent
      Dersou Youyoue

      P.S : Merci pour à l'ékip pour l'article

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  2. Merci Jean-Christophe et merci Pierre !!!

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  3. Un grand merci pour ce superbe compte-rendu, très fidèle à la réalité et très bien rédigé. Bravo 👏 👏 👏 Juste une petite précision : merci de mentionner mon nom d'usage Caroline INDJEIN (SZYMKOWIAK est mon nom de jeune fille 😊). A bientôt !

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  4. Merci pour cette belle critique de la soirée à Biganos. Je vous invite à découvrir ou revoir le rappel, The Night We Died, que j'ai enregistré et déposé sur youtube. https://youtu.be/MqK_0uIDCFk

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  5. Demain à Vitrolles ça devrait casser la baraque

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  6. Merci pour cette excellente critique. Si cela vous intéresse, j'ai filmé le rappel, The Night We Died, et l'ai déposé sur Youtube : https://youtu.be/MqK_0uIDCFk

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  7. J'étais au concert de Rombas le 05 octobre dernier où je les avais déjà vu en …1977 et 1978. Cette nouvelle formation est excellente et m'a enthousiasmé. Du beau, du grand Magma. Bravo !!!...Merci pour ce compte rendu et merci aux musiciens de Magma !

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